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des coquilles, &c. qu’elle dépofe, & qui prennent naturellement
une fituation horizontale, & que ces matières
accumulées par la fuite des temps & élevées jufqu’à un
certain point , fe trouvent peu à peu hors d’atteinte aux
eaux, relient enfuite pour toûjours dans l’état de terre
sèche & font partie des coqtinens terrellres.
Mais pour ne lailfer aucun doute fur ce point important,
examinons de près la poffibilité ou l’impoffibilité de la
formation d’une montagne dans le fond de la mer par le
mouvement & par le fédiment des eaux. Perfonne ne
peut nier que fur une côte contre laquelle la mer agit
avec violence dans le temps qu’elle elt agitée par le flux,
ces efforts réitérez ne produifent quelque changement,
& que les eaux n’emportent à chaque fois.une petite portion
de la terre de la côte ; & quand même elle ferait
bornée de rochers, on fçait que l’eau ufe peu à peu ces
rochers *, & que par conféquent elle en emporte de
petites parties à chaque fois que la vague fe retire apres,
s’être brifée : ces particules de pierre ou de terre feront
nécelfairement tranfportées par les eaux jufqu’à une certaine
diltance & dans de certains endroits où le mouvement
de l’eau fe trouvant ralenti, abandonnera ces particules
à leur propre pefanteuF, & alors elles fe précipiteront
au fond de l’eau en forme de fédiment, & là elles formeront
une première couche horizontale ou inclinée,
fuivant la pofition de la furface du terrein fur laquelle
tombe cette première couche, laquelle fera bien-tôt
* Voyez les Voyages de Shaw, tom. 2. p. 69.
T h é o r i e d e l a T e r r e . 8 c
couverte & furmontée d’une autre couche femblable &
produite par la même caufe, & infenfiblement il fe formera
dans cet endroit un dépôt confidérable de matière,
dont les couches feront pofées parallèlement les unes fur
les autres ; cet amas augmentera toûjours par les nouveaux
fédimens que les eaux y tranfporteront, & peu à peu
par fucceffion de temps il fe formera une élévation,. une
montagne dans le fond de la mer, qui fera entièrement
femblable aux éminences & aux montagnes que nous
connoiffons fur la terre, tant pour la compofition intérieure
que pour la forme extérieure. S’il fe trouve des
coquilles dans cet endroit du fond de la mer où nous
fuppofons que fe fait notre dépôt, les fédimens couvriront
ces coquilles & les rempliront, elles feront incorporées
dans les couches de cette matière dépofée, & elles feront
partie des maffes formées par ce s dépôts, on les y trouvera
dans la fituation qu’elles auront acquife en y tombant,
ou dans l’état où elles auront été faifies ; car dans
cette opération celles qui fe feront trouvées au fond de
la mer lorfque les premières couches fe feront dépofées,
fe trouveront dans la couche la plus baffe, 6c celles qui
feront tombées depuis dans ce même endroit, fe trouveront
dans les couches plus élevées.
Tout de meme lorfque le fond de la mer fera remué
par 1 agitation des eaux, il fe fera néceflàirement des
tranfports de terre, de vafe, de coquilles & d’autres-
matières dans de certains endroits où elles fe dépoferont
en forme de fedimens : or nous fommes affurez par les