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ifles de Sainte-Hélène & de 1 Afcenfion, mais que toutes
les ifles font auprès des grarçAs continens , comme les
ifles de l’Archipel auprès du continent de 1 Europe & de
l’Afie, les Canaries auprès de l’Afrique, toutes les ifles
de la mer des Indes auprès du continent oriental, les ifles
Antilles auprès de celui de l’Amerique, & qu il n y a
que les Açores qui foient fort avancées dans la mer entre
l’Europe & l’Amérique.
Les habitans de Ceylan difent que leur ifle a etc feparee
de la prefqu’ifle de l’Inde par une irruption de l’océan, &
cette tradition populaire eft affez vrâi-femblable; on croit
aufli que l’ifle de Sumatra a été féparée de Malaye, le grand
nombre d’écueils & de bancs de fable qu’on trouve entre
deux femble le prouver. Les Malabares aflurent que les
ifles Maldives faifoient partie du continent de l’Inde, & en
général on peut croire que toutes les ifles orientales ont
été féparéès des continens par une irruption de l’océan.
Voye^ Varen. Geo g. pag- 2 03, 2 1 7 220.
Il paroît qu’autrefois l’ifle de la Grande-Bretagne faifoit
partie du continent, & que l’Angleterre tenoit a la France,
les lits de terre & de pierre , qui font les mêmes des deux
côtés dupas de Calais, le peu de profondeur de ce détroit
femblent l’indiquer : en fuppofant, dit le Doéteur Wallis,
comme tout paroît l’indiquer, que l’Angleterre commu-
niquoit autrefois à la France par un ifthme au deflous de
Douvres & de Calais, les grandes mers des deux côtés
battôient les côtes de cet ifthme par un flux impétueux,
deux fois en 24. heures ; la mer d’Allemagne,, qui eft entre
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l’Angleterre & la Hollande, frappoit cet ifthme du côté
de i’eft, & la mer de France du côté de l’oueft, cela fuflit
avec le temps pour ufer & détruire une langue de terre
étroite, telle que nous fuppofons qu’étoit autrefois cet
ifthme : le flux de la mer de France agiflant avec grande
violence, non feulement contre l’ifthme, mais aufli contre
les côtes de France & d ’Angleterre, doit néceflairement,
par le mouvement des eaux, avoir enlevé une grande quantité
de fable, de terre, de vafe de tous les endroits contre
lefquels la meragifloit; mais étant arrêtée dans fon courant
par cet ifthme, elle ne doit pas avoir dépofé, comme on
pourrait le croire, desfédimens contre l’ifthme, mais elle
les aura tranfportez dans la grande plaine qui forme actuel-
lement le marécage de Romne, qui a quatorze milles de
long lur huit de large ; car quiconque a vû cette plaine, ne
peut pas douter qu’elle n’ait été autrefois fous les eaux de
la mer, puifque dans les hautes marées elle feroit encore
en partie inondée làns les digues de Dimchurch.
La mer d’Allemagne doit avoir agi de même contre
l’ifthme & contre les côtes d’Angleterre & de Flandres,
& elle aura emporté les fédimens en Hollande & en
Zélande, dont le terrein qui étoit autrefois fous les eaux,
s’eft élevé de plus de 40 pieds ; de l’autre côté fur la côte
d’Angleterre, la mer d’Allemagne devoit occuper cette
large vallée où coule actuellement la rivière de Sture, à
plus de vingt milles de diftance, à commencer par Sandwich,
Cantorberi, Chattam, Chilham jufqu’à Ashford, &
peut-être plus loin ; le terrein eft actuellement beaucoup
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