renverfent les montagnes & les rochers, ils font des trous
& des goufres dans la terre, & changent entièrement la
fùrfàce des malheureufes contrées où ils fe forment. Heu-
reufement il n’y a que peu de climats expofez à la fureur
impétueufe de ces terribles agitations de l’air.
Mais ce qui produit les changemens les plus grands &
les plus généraux fur la furface de la terre, ce font les
eaux du ciel, les fleuves, les rivières & les torrens. Leur
première origine vient des vapeurs que le foleil élève au
deflus de la furface des mers, & que les vents tranlportent
dans tous les climats de la terre ; ces vapeurs foûtenues
dans les airs & poufîees au gré du vent, s’attachent aux
fommets des montagnes qu’elles rencontrent, & s’y accumulent
en fi grande quantité, qu’elles y forment continuellement
des nuages & retombent inçeflamment en
forme de pluie, de rofée, de brouillard ou de neige.
Toutes ces eaux font d’abord defcendues dans les plaines*
làns tenir de route fixe, mais peu à peu elles ont creufé
leur lit, & cherchant par leur pente naturelle les endroits
les plus bas de la montagne & les terreins les plus faciles
à divifer ou à pénétrer, elles ont entraîné les. terres & les
fables, elles ont formé des ravines profondes en coulant
avec rapidité dans les plaines, elles fe font ouvert des
chemins jufqu’à la mer, qui reçoit autant d ’eau par fes
bords qu’elle en perd par l’évaporation ; & de même que
les canaux & les ravines que les fleuves ont creufez, ont
des finuofités & des contours dont les angles font
* Voyez. les preuves; art. io. & £$<
Th é o r i e de la T erre. 117
correfpondans entr’eux,en forte quel’un des bords formant
un angle faillant dans les terres, le bord oppofé fait toû-
jours un angle rentrant, les montagnes & les collines
qu’on doit regarder comme les bords des vallées qui les
féparent, ont aufli des finuofités correfpondantes de la
même façon ; ce qui femble démontrer que les vallées
ont été les canaux des courans de la mer, qui les ont
creufez peu à peu & de la même manière que les fleuves
ont creufé leur lit dans les terres.
Les eaux qui roulent fur la furface de la terre & qui y
entretiennent la verdure & la fertilité, ne font peut-ctre
que la plus petite partie de celles qtie les vapeurs pro-
duifent; car il y a des veines d’eau qui coulent & de
l’humidité qui fe filtre à de grandes profondeurs dans
l’intérieur de la terre. Dans de certains lieux, en quelque
endroit qu’on fouille, on eft fur de faire un puits & de
trouver de l’eau, dans d’autres on n’en trouve point du
tout; dans prefque tous les vallons & les plaines baffes
on ne manque guère de trouver de.l’eau à une' profondeur
médiocre; au contraire dans tous les lieux élevez & dans
toutes les plaines en montagne, on ne peut en tirer du
fein de la terre, & il faut ramafler les eaux du ciel. Il y a
des pays d’une vafte étendue où l’on n’a jamais pû faire
un puits & où toutes les eaux qui fervent à abreuver les
habitans & les animaux font contenues dans des mares &
des citernes. En Orient, fur-tout dans l’Arabie, dans
1 Egypte, dans la Perfe, &c. les puits font extrêmement
rares, aufli-bien que les fources d’eau douce, 6c ces
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