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petites plaines, des enfoncemens, des efpèces de vallons
où l’eau de la pluie, la neige & la glace s’arrêtent, & où
elles forment des étangs, des marais, des fontaines d’où
les fleuves tirent leur origine. Voye7 Lettresphilofophiques
fu r la formation des fels, Ifc . page iÿ 8 .
La forme des montagnes eft aufli fort différente, les
unes forment des chaînes dont la hauteur eft aflez égale
dans une très-longue étendue de terrein, d’autres font
coupées par des vallons très-profonds; les unes ont des
contours aflez réguliers, d’autres paroiflent au premier
coup d’oeil irrégulières, autant qu’il eft poiïible de l’être,
quelquefois on trouve au milieu d’un vallon ou d’une
plaine un monticule ifolé ; & de même qu’il y a des montagnes
de différentes efpèces, il y a aufli de deux fortes
de plaines, les unes en pays bas, les autres en montagnes
: les premières font ordinairement partagées par le
cours de quelque greffe rivière, les autres, quoique d’une
étendue confidérable, font sèches, & n’ont tout au plus
que quelque petit ruiffeau. Ces plaines en montagnes font
fouvent fort élevées, & toûjours de difficile accès, elles
forment des pays au deffus des autres pays, comme en
Auvergne, en Savoie & dans plufieurs autres pays élevez;
le terrein en eft ferme & produit beaucoup d’herbes &
de plantes odoriférantes, ce qui rend ces deffus de montagnes
les meilleurs pâturages du monde.
Le fommet des hautes montagnes eft compofé de
rochers plus ou moins élevez, qui reffemblent, fur-tout
vus de loin, aux ondes de la mer. Voye^ Lettres philofoph.
fu r la formation des fels, page ip d . Ce n’cft pas fur cette
obfervation feule que l’on pourrait affurer, comme nous
l’avons fait, que les montagnes ont été formées par les
ondes d elà mer, & je ne la rapporte que parce qu’elle
s accorde avec toutes les autres; ce qui prouve évidemment
que la mer a couvert & formé les montagnes, ce
font les coquilles & les autres productions marines qu’on
trouve par-tout en fi grande quantité, qu’il n’eft pas poffi-
ble qu’elles aient été tranfportées de la mer aétuelle dans
des continens aufli éloignez & à des profondeurs aufli
confidérables, ce qui le prouve ce font les couches horizontales
& parallèles qu’on trouve par-tout, & qui ne
peuvent avoir été formées que par les eaux, c’eft la composition
des matières, même les plus dures, comme de
la pierre & du marbre, à laquelle on reconnoît clairement
que les matières étoient réduites en pouflière avant la
formation de ces pierres & de ces marbres, & qu’elles fe
font précipitées au fond de l’eau en forme de fédiment;
c eft encore l’exaétitude avec laquelle les coquilles font
moulées dans ces matières, c’eft l’intérieur de ces mêmes
coquilles , qui eft abfolument rempli des matières dans
lefquelles elles font renfermées ; & enfin ce qui le démontre
inconleftablement, ce font les angles correipondans
des montagnes & des collines qu’aucune autre caufe que
les courans de la mer n’auroit pû former, c’eft l’égalité
de la hauteur des collines oppofées & les lits des différentes
matières qu’on y trouve à la même hauteur, c’eft la
direction des montagnes, dont les chaînes s’étendent en
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