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du globe fe trouvent dans les climats méridionaux. Ces
irrégularités qui fe trouvent à ia liirface du globe, font la
caufe d’une infinité d’effets ordinaires & extraordinaires;
par exemple, entre les rivières de l'Inde.& du Gange il
y a une large cherfonèfe qui eft divifée dans fon milieu
par une chaîne de hautes montagnes que l’on appelle le
Gâte, qui s’étend du nord au fud depuis les extrémités
du mont .Caucafe jufqu’au cap de Comorin ; de 1 un des
côtés eft Malabar , & de l’autre Coromandel ; du côté
de Malabar, entre cette chaîne de montagnes & la mer, la
M o n de l’été eft depuis, le mois de feptembre jufqu’au
mois d’avril, & pendant tout ce temps le ciel eft ferein
& fans aucune pluie; de l’autre côté de la montagne, fiir
la côte de Coromandel, cette même faifon eft leur hiver,
& il y pleut tous les jours en abondance ; & du mois
d ’avril au mois de feptembre c’eft la faifon de 1 é té ,
tandis que c’eft celle de l’hiver.en Malabar; en forte qu en
plufieurs endroits qui ne font guère éloignez que de 20
lieues de chemin, on peut, en croifant ia montagne, changer
de faifon. On dit que la même chofe fe trouve au cap
Razalgat en Arabie, & de même à la Jamaïque, qui eft
féparée dans fon milieu par une chaîne de montagnes dont
la diredion eft de l’eft à l’oueft, & que les plantations qui
font au midi de ces montagnes, éprouvent la chaleur de
l’été , tandis que celles qui font au nord fouflrcnt la rigueur
de l’hiver dans ce même temps. Le Pérou qui eft
fitué fous la ligne & qui s’étend à environ mille lieues
vers le midi, eft divifé en trois parties longues & étroites
que
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que les habitans du Pérou appellent Lanos, Sierras t/r A n des;
les lanos, qui font les plaines, s’étendent tout le long
de la côte de la mer du fud ; les fierras font des collines
avec quelques vallées, & les andes font ces fameufes Cordillères,
les plus hautes montagnes que l’on connoiffe; les
lanos ont dix lieues plus ou moins de largeur; dans plufieurs
endroits les fierras ont vingt lieues de largeur Sc les
andes autant, quelquefois plus, quelquefois moins ; la largeur
eft de l’eft à l’oueft, & la longueur, du nord au fud.
Cette partie du monde a ceci de remarquable, 10 dans
les lanos, le long de toute cette côte le vent de fud-oueft
fouffle conftamment, ce qui eft contraire à ce qui arrive
ordinairement dans la zone torride; z° il ne pleut ni ne
tonne jamais dans les lanos, quoiqu’il y tombe quelquefois
un peu de rofée ; 30 il pleut prefque continuellement
fur les andes ; 40 dans les fierras, qui font entre les lanos
& les andes, il pleut depuis le mois de feptembre jufqu’au
mois d’avril.
On s eft aperçu depuis long temps, que les chaînes des
plus hautes montagnes alloient d’occident en orient, en-
luite .après la découverte du nouveau monde, on a vu qu’il
y en avoit de fort confidérables qui tournoient du nord au
fud, mais perfonne n’avoit découvert avant M. Bourguet, la
furprenante régularité de la ftruélure de ces grandes malfes;
il atrouvé, après avoir palfé trente fois les Alpes en quatorze
endroits diffcrens, deux fois l’Apennin, & fait plufieurs
tours dans les environs de ces montagnes & dans le mont
Ju ra , que toutes les montagnes font formées dans leurs
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