en forte qu’avec le temps les golfes deviendront des contie
n s , les ifthmes feront un jour des détroits, les marais
deviendront des terres arides, & les fommets de nos
montagnes les écueils de la mer.
Les eaux ont donc couvert & peuvent encore couvrir
fuccelfivement toutes les parties des continens terreftres,
& dès-lors on doit ceffer d’être étonné de trouver partout
des productions marines & une compofition dans
l’intérieur qui ne peut être que l’ouvrage des eaux. Nous
avons vû comment fe font formées les couches horizontales
de la terre, mais nous n’avons encore rien dit
des fentes perpendiculaires qu’on remarque dans les rochers,
dans les carrières, dans les argilles, &c.& qui fe
trouvent aulfi généralement * que les couches horizontales
dans toutes les matières qui compofent le globe;
ces fentes perpendiculaires font à la vérité beaucoup plus
éloignées les unes des autres que les couches horizontales,
6c plus les matières font molles, plus ces fentes
paroilfent être éloignées les unes des autres. Il eft fort
ordinaire dans les carrières de marbre ou de pierre dure,
de trouver les fentes perpendiculaires éloignées feulement
de quelques pieds ; fi la malfe des rochers eft fort grande,
on les trouve éloignées de quelques toifes, quelquefois
elles defeendent depuis Je fommet des rochers jufqu’à
leur bafe, fouvent elles fe terminent à un lit inférieur du
rocher, mais elles font toujours perpendiculaires aux:
couches horizontales dans toutes les matières cakinables,
* Voyez les preuves, art. 17,
comme les craies, les marnes, les pierres, les marbres,:
&c. au lieu qu elfes font plus obliques & plus irrégulièrement
poféesdans les matières vitrifiables, dans les carrières
de grès & les rochers de caillou, où elles font intérieurement
garnies de pointes de cryftal & de minéraux de
toute efpèce, & dans les carrières de marbre ou de pierre
calcinable, elles font remplies de fpar, de gypfe, de gravier
& d’un fable terreux qui eft bon pour bâtir Sc qui
contient beaucoup de chaux; dans les argilles, dans les
craies, dans les marnes 6c dans toutes les autres efpèces
de terre, à l’exception des tufs, on trouve ces fentes
perpendiculaires ouvuides,ou remplies de quelques matières
que l’eau y a conduites.
Il me femble qu’on ne doit pas aller chercher loin la
caufe 6c l’origine de ces fentes perpendiculaires; comme
toutes les matières ont été amenées & dépofées par les
eaux, il eft naturel de penfer quelles étoient détrempées
& qu’elles contenoient d’abord une grande quantité d’eau,
peu à peu elles fe font durcies 6c reffuyées , & en fe
defféehant elles ont diminué de volume, ce qui les a fait
fendre de diftance en diftance : elles ont dû fe fendre
perpendiculairement, parce que la tio n de la pefanteur
des parties les unes fur les autres eft nulle dans cette direction,
& qu’au contraire elle eft tout-à-fiit oppofée à
cette difruption dans la Ikuation horizontale, ce quia fait
que la diminution de volume n’a pû avoir d’effet fenfiblé
que dans la direction verticale. Je dis que c’eft la diminution
du volume par le defféchement qui feule a produit