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amoncelez autrefois, & qui de nos jours ont été recouverts
par de la vafe & de la terre fur laquelle font actuellement
des pâturages; d’autre côté il y a des terres fermes
que la mer avec le temps vient à gagner & à couvrir,
comme les terres de Goodwin qui appartenoient à un
Seigneur de ce nom, & qui à préfent ne font plus que
des fables couverts par les eaux de la mer; ainfi la mer
gagne en plufieurs endroits-du terrein, & en perd dans
d’autres, cela dépend de la differente fituation des côtes
& des endroits où le mouvement des marées s’arrête,
où les eaux tranfportent d’un endroit à l’autre les terres,
les fables, les coquilles, &c. Voye^Tranf. Phil.abr. vol.4 ,
pag. 23 p.
Sur la montagne de Stella en Portugal il y a un lac dans
lequel on a trouvé des débris de vaifleaux, quoique cette
montagne foit éloignée de la mer de plus de 12 lieues.
Voyez la Géographie de Gordon, édit, de Londres 173$,
pag. ipy. Sabinus dans fes Commentaires fur les Mé-
tamorphofes d’Ovide, dit qu’il paraît par les monumens
de l’Hiftoire, qu’en l’année 1460 on trouva dans une
mine des Alpes un vaiffeau avec fes ancres.
Ce n ’eff pas feulement en Europe que nous trouverons
des exemples de ces changemens de mer en terre & de
terre en mer, les autres parties du monde nous en fourniraient
peut-être de plus remarquables & en plus grand
nombre, fi on les avoit bien obfervées.
Calecut a été autrefois une ville célèbre & la capitale
d’un royaume de même nom, ce n’eft aujourd’hui qu’une
grande
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grande bourgade mal bâtie & aflez déferte; la mer qui
depuis un fiècle a beaucoup gagné fur cette côte, a fub-
merge la meilleure partie de l’ancienne ville avec une
belle forterefle de pierre de taille qui y étoit; les barques
mouillent aujourd’hui fur leurs ruines, & le port eff rempli
d un grand nombre d’écueils qui parodient dans les
baffes marées, & fur lefquels les vaifleaux font aflez fou-
vent naufrage. Voyez Let. édif. Recueil 2 , pag. 18 7 .
La province de Jucatan péninfule dans le golfe du
Mexique, a fait autrefois partie de la mer; cette pièce de
terre s etend dans la mer à 100 lieues en longueur depuis
fo continent, & n’a pas plus de 25 lieues dans fà plus
•grande largeur; la qualité de l’air y eff tout-à-fait chaude
& humide: quoiqu’il n’y ait ni ruifleaux ni rivières dans
un fi long efpace, l’eau eff par-tout fi proche, & l’on
trouve en ouvrant la terre, un fi grand nombre de coquillages,
qu’on eff porté à regarder cette'vafte étendue
comme un lieu qui a fait autrefois partie de la mer.
Les habitans de Malabar prétendent qu’autrefois les.
iiïes Maldives étaient attachées au continent des Indes,
& que la violence de la merles en a feparées; le nombre
de ces ifles eff fi grand, & quelques-uns des canaux qui
les féparent, font fi étroits que les beauprés des vaifleaux
qui y paflent, font tomber les feuilles des arbres de l’un &
de l’autre côté, & en quelques endroits un homme vigoureux
fè tenant à une branche d’arbre peut fauter dans une
autre iffe. Voyez les Voyages des Hollandois aux Indes
orientales, pag. 27p.. Une preuve que le continent des
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