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cataractes, l’une à Bilcfekl &l’autre auprès de Schafhoufe:
le Nil en a plufieurs, & entr’autres deux qui font tres-vio-
lentes & qui tombent de fort haut entre deux montagnes;
la rivière Vologda en Mofoovie a auflï deux cataractes
auprès de Ladoga; le Zaïre, fleuve de Congo, commence
par une forte cataraéte qui tombe du haut d’une montagne,
mais la plus fameufe cataraéte eft celle de la rivière
Niagara en Canada, elle tombe de cent cinquante-fix
pieds de hauteur perpendiculaire comme un torrent prodigieux
, & elle a plus d’un quart de lieue de largeur; la
brume ou le brouillard que l’eau fait en tombant,fe voit
de cinq lieues & s’élève jufqu’aux nues., il s’y forme un
très-bel arc-en-ciel lorfque le foleil donne defllis. Au
delfous de cette cataraéte il y a des tournoiemens d’eau
h terribles, qu’on ne peut y naviger j.ufqu à fix milles de
diftance, & au deffus de la cataraéte la rivière eft beaucoup
plus étroite qu’elle ne l’eft dans les terres fupérieures.
Voye’£ Tmnfad. philofoph. abr. vyl. (f,p a rt. 2 , pag- iij) .
Voici la defeription qu’en donne le Père Charievoix :
«Mon premier foin, fut de vifitcr la plus belle cafcade qui
» foit peut-être dans la Nature, mais j,e reconnus d’abord
» que le Baron de la. Hontan s’étoit trompé for fa hauteur
» & fur fa. figure, de manière à faire juger qu’il ne l’avoit
» point vAe.
» Il eft certain que: fi on- mefore fa hauteur par les trois
» montagnes qu’il faut franchir d’abord, il n’y a pas beau-
» coup, à rabattre des fix cens, pieds que lui donne la carte
» de M. de l’Ifle, qui, fans doute, n’a avancé ce paradoxe
T h é o r i e d e l a T e r r e . 367
que fur la foi du Baron de la Hontan Si du P. Hennepin ; «
mais après que je fus arrivé au fommet de la troifième «
montagne , j’obfervai que dans i’efpace de trois lieues «
que je fis enfoite jufqu’à cette chute d’eau , quoiqu’il «
faille quelquefois monter, il faut encore plus defeendre, «
& c’eft à quoi ces voyageurs paroiftent n’avoir pas fait «
aflez d’attention. Comme on ne peut approcher la cafca- «
de que de côté, ni la voir que de profil, il n’eft pas aifé «
d ’en meforer la hauteur avec les inftrumens : on a voulu «
le faire avec une longue corde attachée à une longue per- «
che, Si après avoir fouvent réitéré cette manière, on n’a «
trouvé que cent quinze ou cent vingt pieds de profon- «
deur ; mais il n’eft pas poffible de s’afturer fi la perche «
n’a pas été arrêtée par quelque rocher qui avançoit, car «
quoiqu’on l’eût toûjours retiré mouillée aufiî-bien qu’un «
bout de la corde à quoi elle étoit attachée, cela ne prou- «
vé rien, puifque l’eau qui fe précipite de la montagne, «
rejaillit fort haut en écumant ; pour m o i, après l’avoir «
confidérée de tous les endroits d’où on peut l’examiner «
à fon aife, j’eftime qu’on ne fçauroit lui donner moins «
de cent quarante ou cent cinquante pieds. «
Quant à la figure, elle eft en fer à cheval, Si elle a «
environ quatre cens pas de circonférence, mais précifé- «
ment dans fon milieu elle eft partagée en deux par une «
ifle fort étroite & d’un demi-quart de lieue de long, qui «
y aboutit. Il eft vrai que ces deux parties ne tardent pas «
à le rejoindre; celle qui étoit de mon côté, Si qu’on ne «
voyoit que de profil, a plufieurs pointes qui avancent, «