fi cet arrangement a été fait dans le même temps : or nous
avons prouvé qu’il n’a pas pû fe faire dans le même temps,
puifque les matières ne gardent pas l’ordre de la pefanteur
îpécifique & qu’il n’y a pas eu de dilfolution générale de
toutes les matières ; donc cet arrangement a été produit
par les eaux ou plutôt par les fédimens qu’elles ont dé-
pofez dans la fucceffion des temps ; toute autre révolution,
tout autre mouvement, toute autre caufe aurait produit
un arrangement très - différent ; d’ailleurs , un accident
particulier, une révolution ou un bouleverfement n’auroit
pas produit un pareil effet dans le globe tout entier , & fl
l’arrangement des terres & des couches avoit pour caufe
des révolutions particulières & accidentelles, on trouverait
les pierres & les terres difpofées différemment en
différens pays, au lieu qu’on les trouve par-tout difpofées
de même par couches parallèles, horizontales, ou également
inclinées.
Voici ce que dit à ce fujet l’Hiftorien de l’Académie,
année 1718, page 3 àr faiv.
« Des vertiges très-anciens & en très-grand nombre,
» d ’inondations qui ont dû être très-étendues a, & la ma-
» nière dont on eft obligé de concevoir que les montagnes
« fe font formées h , prouvent affez qu’il eft arrivé autrefois
» à la furface de la terre de grandes révolutions. Autant
» qu’on en a pû creufer, on n’a prefque vû que des ruines,
» des débris, de vaftes décombres entaffez pêle-mêle , & qui
1 Voyez les Mémoires, pag. 287. j de 1706 , pag. 9 , de 1708, p. 34»
k Voyez i’Hift. de 1703, p. 22, I & de 1716, page 8, &c.
par
T h é o r i e d e l a T e r r e . 3 0 j
par une longue fuite de fiècles fe font incorporez enfem- «
ble & unis en une feule maffe le plus qu’il a été poffible ; «
s il y a dans le globe de la terre quelque efpèce d’orga- «
nifation régulière, elle eft plus profonde & par conféquent «
nous fera toûjours inconnue, & toutes nos recherches fe «
termineront à fouiller dans les ruines de la croûte exté- «
rieure, elles donneront encore afTez d ’occupation aux «
Philofophes.
, M. de Juffieu a trouvé aux environs de Saint-Chau- «
mont dans le Lyonnois, une grande quantité de pierres «
ecailleufes ou feuilletées, dont prefque tous les feuillets «
portaient fur leur fuperficie l’empreinte ou d’un bout de «
tige, ou d’une feuille, ou d’un fragment de feuille de «
quelque plante ; les représentations de feuilles étaient «
toujours exactement étendues, comme fi on avoit collé«
les feuilles fur les pierres avec la main, ce qui prouve «
qu elles avoient été apportées par de l’eau qui les avoit «
tenues en cet état; elles étaient en différentes fituations, «
& quelquefois deux ou trois fe croifoient.
On imagine bien qu’une feuille dépofée par l’eau fur «
une vafe molle, & couverte enfuite d’une autre vafe pa- «
reille, imprime fur l’une l ’image de l’une de fe s deux« >'
furfaces & fur l’autre l’image de l’autre furface, de forte «
que ces deux lames de vafe étant durcies & pétrifiées , «
elles porteront chacune l’empreinte d’une face differente ; «
mais ce qu’on aurait cru devoir être, n’eft pas, les deux « *
James ont l’empreinte de la même face de la feuille, l’une «
en relief <& l’autre en creux. M. de Juffieu a obfervé dans «
lome I.