plus élevé qu’il ne l’étoit autrefois, puifqu’à Chattam on a
trouvé les os d’un hippopotame enterrez à iypieds de profondeur,
des ancres de vaifleaux & des coquilles marines.
Or il eft très-vrai-femblable que la mer peut former
de nouveaux terreins en y apportant les fables, la terre,
la vafe, &c. car nous voyons fous nos yeux que dans
l’ilîe d’Okney, qui eft adjacente à la côte marécageufe
de Romne, il y avoit un terrein bas toûjours en danger
d’être inondé par la rivière Rother, mais en moins de
6 0 ans la mer a élevé ce terrein confidérablement en y
amenant à chaque flux & reflux une quantité confidérable
de terre & de vafe , & en même temps elle a creufé fi
fort le canal par où elle entre, qu’en moins de y o ans la
profondeur de ce canal eft devenue aflez grande pour
recevoir de gros vaifleaux, au lieu qu’auparavant c’étoit
un gué où les hommes pouvoient pafter.
La même chofe eft arrivée auprès de la côte de Nor-
folck, & c’eft de cette façon que s’eft formé le banc de
fable qui s’étend obliquement depuis la côte de Norfolck
vers la côte de Zélande; ce banc eft l’endroit où les marées
de la mer d’Allemagne & de la mer de France fe
rencontrent depuis que l’ifthme a été rompu, & c’eft la
où fe dépofent les terres & les fables entraînez des côtes ;
on ne peut pas dire fi avec le temps ce banc de fable ne
'formera pas un nouvel ifthme, &c. Voye^ Tranf. Phil. abr.
yol. 4 ,p ag.22y.
Il y a grande apparence, dit Ray, que l’ifle de la Grande-
Bretagne étoit autrefois jointe à la France & failoit partie du
continent ; on ne fçait point fi c’eft par un tremblement
de terre, ou par une irruption de l’océan, ou par le travail
des hommes, à caule de l’utilité & de la commodité du
paflage, ou par d’autres raifons; mais ce qui prouve que
cette ifle faifoit partie du continent, c’eft que les rochers
& les côtes des deux côtés font de même nature & com-
pofez des mêmes matières, à la même hauteur, en forte
que l’on trouve le long des côtes de Douvres les mêmes
lits de pierre & de craie que l’on trouve entre Calais &
Boulogne ; la longueur de ces rochers le long de ces côtes
eft à très-peu près la même de chaque côté, c’eft-à-dire,
d’environ fix milles ; le peu de largeur du canal qui dans
cet endroit n’a pas plus de vingt - quatre milles anglois
de largeur, & le peu de profondeur, eu égard à la mer
voifine, font croire que l’Angleterre a été féparée de la
France par accident; on peut ajouter à ces preuves, qu’il
y avoit autrefois des loups & même des ours dans cette
ifle, & il n’eft pas à préfumer qu’ils y foient venus à la
nage, ni que les hommes aient tranfporté ces animaux
nuifibles ; car en général on trouve les animaux nuifibles
des continens dans toutes les ifles qui en font fort voi-
fines, & jamais dans celles qui eh font éloignées, comme
les Efpagnols l’ont obfervé lorfqu’ils font arrivez en
Amérique. Voye^ Ray s Difcourfes, pag. 208.
Du temps de Henri I Roi d’Angleterre il arriva une
grande inondation dans une partie de la Flandre par une
irruption de la mer ; en 1446 une pareille irruption fit.périr
plus de 1 0 0 0 0 perfonnes furleterritoire de Dordrecht, &
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