que la matière du globe étoit dès le commencement
moins denfe qu elle ne l’a été depuis qu’il a changé de
face ; que la condenfation des parties folides du globe
diminua fenfiblement avec la vélocité du globe même,
de forte qu après avoir fait un certain nombre de révo-.
Jutions fur Ion axe 6c autour du fbleil, il le trouva tout à
coup dans un état de difïolution qui détruifit fà première
ftruéture; que cela arriva vers l’équinoxe du printemps;
que dans le temps de cette diffoiution les coquilles s’in-
troduifirent dans les matières diffoutes; qu’après cette
difTolution la terre a pris la forme que nous lui voyons,
& qu’auffï-tôt le feu s’y eft mis, la confume peu à peu
& va toûjours en augmentant, de forte qu’elle fera détruite
un jour par une explolion terrible, accompagnée
d’un incendie général, qui augmentera l’atmofphère du
globe & en diminuera le diamètre, & qu’alors la terre
au lieu dé couches de labié ou de terre, n’aura que des
couches de métal & de minéral calciné, & des montagnes
compofées d’amalgames de différens métaux. En
voilà affez pour faire voir quel étoit le fyftème que l’auteur
méditoit. Deviner de cette façon le paffé, vouloir
prédire l’avenir, & encore deviner & prédire à peu près
comme les autres ont prédit & deviné, ne me paroît pas
être un effort; auffi cet auteur avoit beaucoup plus de
connoiffances & d’érudition que de vues faines & générales,
& il m’a paru manquer de cette partie fi néceffaire
aux phyficiens, de cette métaphy fi que qui raffemble les
idées particulières,, qui les rend plus générales, 6c qui
T h é o r i e d e l a T e r r e . i 9 j
élève l’efprit au point où il doit être pour voir rençhaî-
nement des caufes & des effets.
Le fameux Leibnitz donna en 1683 dans les aéles de
Leipfic, pag. 40. un projet de fyftème bien différent ,
fous le titre de Protogçea. La terre, félon Bourguet & tous
les autres, doit finir par le feu ; félon Leibnitz elle a
commencé par-là, & a fouffert beaucoup plus de chan-
gemens & de révolutions qu’on ne l’imagine. La plus
grande partie de la matière terreftre a été embrafée par un
feu violent dans le temps que Moyfe dit que la lumière
fut féparée des ténèbres. Les planètes, auffr-bien que la
terre, étoient autrefois des étoiles fixes & lumineufes par
elles-mêmes. Après avoir brûlé long-temps, il prétend
quelles fe font éteintes faute de matière combuftible, &
qu elle font devenues des corps opaques. Le feu a produit
par la fonte des matières une croûte vitrifiée, 6c la
bafe de toute la matière qui compofe le globe terreftre eft
du verre, dont les fables ne font que des fragmens; les
autres efpèces de terre fe font formées du mélange de
ce fable avec des fels fixes & de l’eau, & quand la croûte
fut refroidie, les parties humides qui s’étoient élevées en
forme de vapeurs, retombèrent & formèrent les mers.
Elles enveloppèrent d’abord toute lafurfàce du globe, &
furmontèrent même les endroits les plus élevez qui for-
ment aujourd’hui les continens & les ifles. Selon cet
auteur, les coquilles & les autres débris de la mer qu’on
trouvé par-tout, prouvent que la mer a couvert toute la
terre ; & la grande quantité de fols fixes, de fables 6c,
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