ces fentes perpendiculaires, & que ce n’eft pas l’eau
contenue dans l’intérieur de ces matières qui a cherché
des iflues & qui a formé ces fentes ; car j’ai fouvent ob-
fervé que les deux parois de ces fentes fe répondent
dans toute leur hauteur aulïï exactement que deux morceaux
de bois qu’on viendroit de fendre : leur intérieur
eft rude & ne paroît pas avoir elfuyé le frottement des
eaux qui auraient à la longue poli & ufé les furfaces;
ainfi ces fentes fe font faites oü tout à coup, ou peu à
peu par le defféchement, comme nous voyons les gerçures
fe faire dans les bois , & la plus grande partie de l’eau
s’eft évaporée par les pores. Mais nous ferons voir dans
notre difcours for les minéraux, qu’il relie encore de
cette eau primitive dans les pierres & dans plufieurs autres
matières, & qu’elle fertà la production des cryftaux, des
minéraux & de plufieurs autres fubftances terreltres.
L ’ouverture de ces fentes perpendiculaires varie beaucoup
pour la grandeur, quelques-unes n’ont qu’un demi-
pouce, un pouce, d’autres ont un pied, deux pieds,
il y en a qui ont quelquefois plufieurs toifes, & ces
dernières forment entre les deux parties du rocher ces
précipices qu’on rencontre fi fouvent dans les Alpes &
dans toutes les hautes montagnes : on voit bien que celles
dont l’ouverture eft petite, ont été produites par le feul
defféchement, mais celles qui préfentent une ouverture
de quelques pieds de largeur ne fe font pas augmentées à
ce point par cette feule caufe, c’elt aulfi parce que la bafe
qui porte le rocher ou les terres fupérieures, s’eft affaiffée
un peu plus d’un côté que de l’autre, & un petit affaiffe-
ment dans la bafe, par exemple, une ligne ou deux, fuffit
pour produire dans une hauteur confidérable des ouvertures
de plufieurs pieds & même de plufieurs toifes;,
quelquefois aulfi les' rochers coulent un peu fur leur bafe
de glaife ou de fable, & les fentes perpendiculaires deviennent
plus grandes par ce mouvement. Je ne parle
pas encore de ces larges ouvertures, de ces énormes
coupures qu’on trouve dans les rochers & dans les montagnes;
elles ont été produites par de grands affailfemens,
comme ferait celui d’une caverne intérieure qui ne pou*
vant plus foûtenir le poids dont elle eft chargée, s’afîaiffe
& lailfe un intervalle confidérable entre les terres fupérieures.
Ces intervalles font différens des fentes perpendiculaires,
ils paroiffent être des portes ouvertes parles
mains de la Nature pour la communication des Nations;
C éft de cette façon que fe préfentent les portes qu’on
trouve dans les. chaînes de montagnes. & les ouvertures
des détroits de la mer, comme les Thermopyles, les
portes, du Caucafe,.des Cordillères, &c. la porte du
détroit de Gibraltar entre les monts Calpe & Abyla, h
porte de. 1 Hellefpont, &c. Ces ouvertures n’ont point
été formées parla fimple féparation des matières, comme
les fentes dont nous venons de parler *, mais par l’afiàif-
fement & la deftruétion d’une partie même des terres qui
a été ou engloutie ou renverfée.
Ces grands affailfemens, quoique produits par des caufes
»Voyez, les preuves, art. 17.
O iij