P R E U V E S
D E L A
T H E O R I E D E L A T E R R E .
A R T I C L E XII.
Du Flux & du Reflux.
L’e a u n’a qu’un mouvement naturel qui lui vient de
là fluidité ; elle defcend toujours des lieux les plus
élevez dans les lieux les plus bas, lorfqu’il n’y a point dé
digues ou d’obftacles qui la retiennent ou qui s’oppofent
à Ton mouvement, & lorfqu’elle eft arrivée au lieu le plus
bas, elle y refte tranquille & fans mouvement, à moins
que quelque caufe étrangère & violente ne l’agite & ne
l’en fafîe fortir. Toutes les eaux de l’océan font raflem-
blées dans les lieux les plus bas de lafuperficie de la terre;
ainfi les mouvemens de la mer viennent de caufes extérieures.
Le principal mouvement eft celui du flux & du
reflux qui fe fait alternativement en fens contraire, & duquel
il réfulte un mouvement continuel & général de
toutes les mers d’orient en occident; ces deux mouvemens
ont un rapport confiant & régulier avec les mouvemens
de la lune : dans les pleines & dans les nouvelles
lunes ce mouvement des eaux d’orient en occident eft
plus fenfible, auffi-bien que celui du flux & du reflux;
T h é o r i e d e l a T e r r e . 4 2 9
celui-ci fe fait fentir dans l’intervalle de fix heures &
demie fur la plupart des rivages, en forte que le flux
arrive toutes les fois que la lune eft au deflus ou au deflous
du méridien, & le reflux fuccède toutes les fois que la
lune eft dans fon plus grand éloignement du méridien,
c’eft-à-dire, toutes les fois qu’elle eft à l’horifon, foi* à
fon coucher, foit à fon lever. Le mouvement de la mer
d orient en occident eft continuel & confiant, parce que
tout l’océan dans le flux fe meut d’orient en occident, &
pouffe vers l’occident une très-grande quantité d’eau, &
que le reflux ne paroît fe faire en fens contraire qu’à caufe
de la moindre quantité d’eau qui eft alors pouffée vers
{occident; car le flux doit plutôt être regardé comme-
une intumefcence, & le reflux comme une détumefcence:
des eaux, laquelle au lieu de troubler le mouvement d’orient
en occident, le produit & le rend continuel, quoi-
qu’à la vérité il foit plus fort pendant l’intumefcence1 &
plus foible pendant la détumefcence par la raifon que nous
venons d’expofen
Les principales circonftânces de ce mouvement font,
10 qu’il eft plus fenfible dans les nouvelles & pleines lunes
qué dans les quadratures; dans-le printemps & l’automne
11 eft aufli plus violent que dans les autres temps de l’année,
& il eft le plus foible dans Je temps des folftices, ce
qui s’explique fort naturellement par la combinaifôn des
forces de l’attraélion de la lune & du foleil. Voyeifur cela
les Démonjlrations de Newton. z° Les vents changent foulent
la direction & la quantité de ce mouvement, far-tout
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