H i s t o i r e N a t u r e l l e .
enfembie d’une manière particulière, de même que s’ils
étoient confus ; au lieu que ceux de tous les vaifleaux de
la mer méditerranée & de la côte de Syrie font clouez,
& ne font pas joints de cette manière. » Voyez les anciennes
relations des voyages fa its par terre a la Chine, p . j y .
& M ’
Voici ce qu’ajoute le Traducteur de cette ancienne
relation.
« Abuziel remarque comme une chofe nouvelle 6c
fort extraordinaire, qu’un vaiffeau fut porté de la mer des
Indes fur les côtes de Syrie. Pour trouver le paflàge dans
la mer méditerranée , il fiippofe qu’il y a une grande
étendue de mer au delfus de la Chine, qui a communication
avec la mer des Cozars, c ’eft-à-dire, de Mofcovie.
La mer qui eft au-delà du cap des Courants étoit entièrement
inconnue aux Arabes à eaufe du péril extrême
de la navigation, & le continent étoit habité par des peuples
fi barbares, qu’il n’étoit pas facile de les foûmettre,
ni même de les civilifer par le commerce. Les Portugais
ne trouvèrent depuis le cap de Bonne-efpérance jufqu’à
Soffida aucuns Maures établis, comme ils en trouvèrent
depuis dans toutes les villes maritimes jufqu’à la Chine.
Cette ville étoit la dernière que connoilfoient les Géographes
, mais ils ne pouvoient dire fi la mer avoit communication
par l’extrémité de l’Afrique avec la mer de
Barbarie, & ils fe contentoient de la décrire jufqu’à la
côte de Z'mge qui eft celle de la Cafrerie, c’eft pourquoi
nous ne pouvons douter que ta première découverte du
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partage de cette mer par le cap de Bonne-efpérance n’ait«
été faite par les Européens fous la conduite de Vafco de te
Gama, ou au moins quelques années avant qu’il doublât «
le cap, s’il eft vrai qu’il fe foit trouvé des cartes marines «
plus anciennes que cette navigation, où le cap étoit mar- «
qué fous le nom de Fronteira da Afriqua. Antoine Gai- «
van témoigne, fur le rapport de Francifco de SoufaTava- «
res, qu’en 1J28 l’Infant Dom Fernand lui fit voir une «
fembiable carte qui fe trouvoit dans le monaftère d’A- «
coboca, & qui étoit faite il y avoit 120 ans, peut-être fur «
celle qu’on dit être à Venife dans le tréfor de S. Marc, «
& qu’on croit avoir été copiée fur celle de Marc Paolo, qui «
marque aulfi la pointe de l’Afrique, félon le témoignage «
de Ramufio, 6cc. » L ’ignorance de ces fiècles au fujet
de la navigation autour de l’Afrique paroîtra peut-être
moins fingulière que le filence de l’éditeur de cette
ancienne relation au fujet des paffages d’Hérodote, de
Pline, &c. que nous avons citez, & qui prouvent que les
anciens avoient fait le tour de l’Afrique.
Quoi qu’il en foit, les côtes de l’Afrique nous font
actuellement bien connues; mais quelques tentatives qu’on
ait faites pour pénétrer dans l’intérieur du pays, on n’a
pu parvenir à le connoître alfez pour en donner des relations
exaétes. Il feroit cependant fort à fouhaiter que
parle Sénégal ou par quelqu’autre fleuve on pût remonter
bien avant dans les terres & s’y établir, on y trouvèrent,
félon toutes les apparences, un pays aulfi riche en
mines préçieufes que l’eft»le Pérou ou le Brefil, car on