U 4 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
les chaînes des montagnes : toutes'les autres ont été produites
en même temps que les montagnes mêmes, par le
mouvement des courans de la mer ; & par-tout où il n’y
a pas eu de bouleverfemens, on trouve les couches horizontales
& les angles correfpondans des montagnes5. Les
volcans ont auffi formé des cavernes & des excavations
foûterraines qu’il eft aifé de diftinguer de celles qui ont
été formées par les eaux, qui ayant entraîné de l’intérieur
des montagnes les fables & les autres matières divifées,
n’ont lailfé que les pierres & les rochers qui contenoient
ces fables, & ont ainfi formé les cavernes que l’on remarque
dans les lieux élevez ; car celles qu’on trouve dans
les plaines ne font ordinairement que des carrières anciennes
ou des mines de fel & d’autres minéraux, comme la
carrière deMaftrick & les mines de Pologne,&c. qui font
dans des plaines ; mais les cavernes naturelles appartiennent
aux montagnes, & elles reçoivent les eaux du fom-
met & des environs, qui y tombent comme dans des
réfervoirs, d’où elles coulent enfuite fur la furface de la
terre lorfqu’elles trouvent une ifïiie. C ’eft à ces cavités
que l’on doit attribuer l’origine des fontaines abondantes
& des greffes fources, & lorfqu’une caverne s’af-
faiffe & fe comble, il s’enfuit ordinairementb une inondation.
On voit par tout ce que nous'venons de dire, combien
les feux fouterrains contribuent à changer la furface
& l’intérieur du globe : cette caufe eft affez puiffante
»Voyezles preuves, art. 17. ] b V .Tranf.Phil. Air.vol. 2.p - j a .
Th é o r i e de la T erre. n e
pour produire d’auffi grands effets, mais on ne croiroit
pas que les vents pûffent1 caufer des altérations fenfibles
fur la terre ; la mer paraît être leur empire, & après le
flux & le reflux rien n’agit avec plus de puiffance fur cet
élément; même le flux & le reflux marchent d’un pas
uniforme, & leurs effets s’opèrent d’une manière égale
& qu’on prévoit, mais les vents impétueux agiffent,
pour ainfi dire, par caprice, ils fe précipitent avec
fureur & agitent la mer avec une telle violence qu’en
un inftant cette plaine calme & tranquille devient hé-
riffée de vagues hautes comme des montagnes, qui viennent
fe brifer contre les rochers & contre les côtes ; les
vents changent donc à tout moment la face mobile de
la mer : mais la face de la terre qui nous paraît fi folide ,
ne devroit-elle pas être à l’abri d’un pareil effet! On fçait
cependant que les vents élèvent des montagnes de fable
dans l’Arabie & dans l’Afrique, qu’ils en couvrent les
plaines, & que fouvent ils tranfportent ces fables à de
grandes b diftances & jufqu’à plufieurs lieues dans la mer,
où ils les amoncèlent en fi grande quantité qu’ils y ont
formé des bancs, des dunes & des ifles. On fçait que
les ouragans font le fléau des Antilles, de Madagafcar &
de beaucoup d’autres pays, où ils agiffent avec tant de
fureur qu’ils enlèvent quelquefois les arbres, les plantes,
les animaux avec toute la terre cultivée ; ils font remonter
& tarir les rivières, ils en produifent de nouvelles, ils
* Voyez les preuves, art. i J in JDeum. Varen, Geogr. gen, p. 282>
L V» Bellarmin, de Afcéti, mentis I Voyag. de Pyfard, tora. 1. p. 4.7p.
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