nuis d moins elles ne font ni abfolument ni évidemment
impolfibles. Comme on ignore ce qu’il y a au centre &
dans l’intérieur de la terre, il a cru pouvoir fuppofer que
cet interieur etoit occupe par un noyau folide, environné
d ’un fluide pefant & enfuite d’eau for laquelle la croûte
extérieure du globe étoit foûtenue, & dans laquelle les différentes
parties de cette croûte fe font enfoncées plus ou
moins, à proportion de leur pefanteur ou de leur légèreté
relative ; ce qui a produit les montagnes & les inégalités de
la furface de la terre. Il faut avouer que cet Aftronome a
fait ici une faute de méchanique; il n’a pas fongé que la
terre dans cette hypothèfe doit faire voûte de tous côtés,
que par conféquent elle ne peut .être portée for l’eau
qu’elle contient, & encore moins y enfoncer : à cela près,
je ne fçache pas qu’il y ait d’autres erreurs de phyfique
dans ce lÿftème. II y en a un grand nombre quant à la
métaphyfique & à la théologie, mais enfin, on ne peut
pas nier abfolument que la terre rencontrant la queue
d une comete, lorfque celle-ci s’approche de fon périhélie,
ne puifle être inondée, fur-tout lorfqu’on aura
accorde a I auteur que la queue d ’une comète peut
contenir des vapeurs aqueufes. On ne peut nier non plus,
comme une impolfibilité abfolue, que la queue d’une comete
en revenant du périhélie ne puifle brûler la terre,
û on foppofe avec l’auteur que la comète ait pafle fort
près du foleil, & qu’elle ait été prodigieufement échauffée
pendant fon paflage : il en eft de même du relie de ce
lÿftème, mais quoiqu’il n’y ait pas d’impoflibilitéabfolue,
T h é o r i e d e l a T e r r e . 195
il y a fi peu de probabilité à chaque chofo prife féparé-
ment, qu’il en réfulte une impolfibilité pour le tout pris
enfemble.
Les trois lÿftèmes dont nous venons de parler, ne font
pas les feuls ouvrages qui aient été faits fur la théorie de
la terre. Il a paru en 1729 un mémoire de M. Bourguet,
imprimé à Amfterdam avecfos lettres philofophiques for
la formation des fols , &c. dans lequel il donne un échantillon
du lÿftème qu’il méditoit, mais qu’il n’a pas propofé,
ayant été prévenu par la mort. Il faut rendre juftice à cet
auteur, perfonne n’a mieux raffemblé les phénomènes &
les faits, on lui doit même cette belle & grande obfer-
Vation qui eft une des clefs de la théorie de la terre, je
veux parler de la correlpondance des angles des montagnes.
Il préfente tout ce qui a rapport à ces matières
dans'un grand ordre, mais avec tous ces avantages, il
paraît qu’il n’aurait pas mieux réulfi que les autres à faire
une hiftoire phyfique & raifonnée des changemens arrivez
au globe, & qu’il étoit bien éloigné d’avoir trouvé les
vraies caufes des effets qu’il rapporte; pour s’en convaincre
, il ne faut que jeter les yeux for les propofitions qu'il
déduit des phénomènes, & qui doivent forvir de fondement
àlà théorie, Voye^page 211. II dit que le globe apris
fa forme dans un même temps, & non pas fuccelfivement,
que la forme & la difpofition du globe fuppofont néceffai-
rement qu’il a été dans un état de fluidité; que l’état pré-
fent de la terre eft très-différent de celui dans lequel elle
a été pendant plufieurs fiècles après là première formation ;
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