P R E U V E S
D E L A
THEORIE DE LA TERRE.
A R T I C L E I I .
D u Syflème de A l. Whiflon.
A NewTheory ofthe Earth, by 'WHI. Whifton. London, l y o 8.
Cet Auteur commence Ton Traité de la Théorie de
la Terre par une diflertation fur la création du monde;
il prétend qu’on a toûjours mal entendu le texte de
la Genèfe , qu’on s’eft trop attaché à la lettre & au fens
qui le préfente à la première vue, fans faire attention à
ce que la Nature, la raifon, la Philofophie, & même la
décence exîgeoient de i’E'crivain pour traiter dignement
cette matière. Il dit que les notions qu’on a communément
de l’ouvrage des fix jours, font abfolument faulfes,
& que la defcription de Moyfe n’eft pas une narration
exaéte & philofophique de la création de l’Univers entier
& de l’origine de toutes chofes, mais une repréfentation
hiftorique de la formation du feul globe terreftre. La
terre, félon lui, exiftoit auparavant dans le cahos, & elle
a reçu dans le temps mentionné par Moyfe la forme, la
fituation & la confiftance nécelfaires pour pouvoir être
habitée par le genre humain. Nous n’entrerons point
dans le détail de fes preuves à cet égard, & nous n’entreprendrons
pas d’en faire la réfutation, l’expofition que
nous venons de faire, fuffit pour démontrer la contrariété
de fon opinion avec la foi, & par conféquent l’infuffi-
fance de fes preuves : au relie, il traite cette matière
en Théologien controverfifte plûtôt qu’en Philofophe
éclairé.
Partant de ce s faux principes, il palfe à des fuppofi-
tions ingénieufes, & qui, quoiqu’extraordinaires, ne laif-
fent pas d’avoir un degré de vrai-femblance, lorfqu’on
veut fe livrer avec lui à l’enthoufiafme du lyftème; il dit
que l’ancien cahos, l’origine de notre terre, a été i’atmo-
lphère d’une comète, que le mouvement annuel de la
terre a commencé dans le temps qu’elle a pris une nouvelle
forme, mais que fon mouvement diurne n’a commencé
qu’au temps de la chute du premier homme; que
le cercle de l’écliptique coupoit alors le tropique du cancer
au point du paradis terreftre à la frontière d’Aflÿrie, du
côté du nord-oueft; qu’avant le déluge l’année com-
mençoit à l’équinoxe d’automne; que les orbites originaires
des planètes, & fur-tout l’orbite de la terre, étoient
avant le déluge des cercles parfaits ; que le déluge a commencé
le i8 rae jour de Novembre de l’année 236^ de
la période Julienne, c’eft-à-dire, 2349 ans avant l’ère
chrétienne; que l’année folaire & l’année lunaire étoient
les mêmes avant le déluge ; & qu’elles contenoient jufte
360 jours; qu’une comète defcendant dans le plan de
1 écliptique vers fon périhélie, a pafle tout auprès du globe
Tojne I. Y