4 8 8 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
de Guinée, & il y a des va idéaux qui y ont été retenus
trois mois fans pouvoir en fortir.
Lorfque les vents contraires arrivent à la fois dans le
même endroit, comme à un centre, ils produifent ces
tourbillons & ces tournoiemens d’air par la contrariété de
leur mouvement, comme les courans contraires produifent
dans l’eau des gouffres ou des tournoiemens ; mais lorfque
ces vents trouvent en oppofition d’autres vents qui contrebalancent
de loin leur aétion, alors ils tournent autour
d ’un grand efpace dans lequel il règne un calme perpétuel,
& c’eft ce qui forme les calmes dont nous parlons, &
defquels il eft fouvent impoffible de fortir. Ces endroits
de la mer font marquez fur les globes de Sénex, aulTi-bien
que les directions des différens vents qui régnent ordinairement
dans toutes les mers. A la vérité je ferais porté à
croire que la contrariété feule des vents ne pourrait pas
produire cet effet, fi la direction des côtes & la forme
particulière du fond de la mer dans ces endroits n’y con-
tribuoientpas ; j’imagine donc que les courans caufez en
effet par les vents, mais dirigez par la forme des côtes &
des inégalités du fond de la mer, viennent tous aboutir
dans ces endroits, & que leurs directions oppofées &
contraires forment les tornados en queflion dans une plaine
environnée de tous côtés d’une chaîne de montagnes.
Les gouffres ne paroiffent être autre chofe que des tournoiemens
d’eau caufez par l’aCtion de deux ou de plufieurs
courans oppofèz; l’Euripe fi fameux par la mort d’Arif-
tote, abforbe & rejette alternativement les eaux fept fois
en vingt-
T h é o r i e d e l a T e r r e . 4 8 9
en vingt-quatre heures : ce gouffre eft près des côtes de
la Grèce. Le Carybde qui eft près du détroit de Sicile,
rejette & abforbe les eaux trois fois en vingt-quatre heures:
au refte on n’eft pas trop fur du nombre de ces alternati ves
de mouvement dans ces gouffres. Le DoCteur Placentia,
dans fon Traité qui a pour titre X Egeo redivivo, dit que
l’Euripe a des mouvemens irréguliers pendant dix-huit
ou dix-neuf jours de chaque mois, & des mouvemens
réguliers pendant onze jours , qu’ordinairement il ne
grolfit que d’un pied & rarement de deux pieds; il dit
auffi que les Auteurs ne s’accordent pas fur le flux & le
reflux de l’Euripe, que les uns difent qu’il fe fait deux
fois, d’autres fept, d’autres onze, d’autres douze, d ’autres
quatorze fois en vingt-quatre heures, mais que Loïrius
l’ayant examiné de fuite pendant un jour entier, il l’avoit
obfervé à chaque fix heures d’une manière évidente &
avec un mouvement fi violent, qu’à chaque fois il pou-
voit faire tourner alternativement les roues d’un moulin.
Le plus grand gouffre que l’on connoiffe eft celui de la
mer de Norwège, on affure qu’il a plus de vingt lieues de
circuit ; il abforbe pendant fix heures tout ce qui eft dans
fon voifinage, l’eau, les baleines , les vaifféaux, & rend
enfuite pendant autant de temps tout ce qu’il a abforbé.
Il n’eft pas néceffaire de fuppofer dans le fond de la mer
des trous & des abîmes qui englputjffent pontinuellement
les eaux, pour rendre raifon de ces gouffres ; on fçait que
quand l’eau a deux directions contraires, la compofition
de ces mouvemens produit un tournoiement circulaire ôc
Terne 1 Q q q