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cet homme ne diftinguera rien & confondra tout; mais
laiftons fes idées s’affermir peu à peu par des fenfations
réitérées des mêmes objets; bien tôt il fe formera une idée
générale de la matière animée, il la diftinguera aifément de
la matière inanimée, & peu de temps après il diftinguera
très-bien la matière animée de la matière végétative, & naturellement
il arrivera à cette première grande divifion,
Animal,Végétal & Minéral; 6c comme il aura pris en même
temps une idée nette de ces grands objets fi différens, la
Terre, l’A ir & l’Eau, il viendra en peu de temps à fe
former une idée particulière des animaux qui habitent la
terre, de ceux qui demeurent dans l’eau, & de ceux qui
s’élèvent dans l’air, & par conféquent il fe fera aifément
à lui-même-cette fécondé divifion , Animaux quadrupèdes,
Oifeaux, Poijfons; il en eft de même dans le règne
végétal, des arbres & des plantes, il les diftinguera très-
bien, foit par leur grandeur, foit par leur fubftance, foit
par leur figure. Voilà ce que la fimple inlpection doit
nécelfairement lui donner, & ce qu’avec une très-légère
attention il ne peut manquer de reconnoître ; c’eft là
suffi ce que nous devons regarder comme réel, & ce
que nous devons refpecter comme une divifion donnée
par la Nature même, Enfuite mettons-nous à la place de
cet homme, oufuppofons qu’il ait acquis autant de con-
noiflances, & qu’il ait autant d’expérience que nous en
ayons, il viendra à juger les objets de l’Hiftoire Naturelle
par les rapports qu’ils auront avec lui; ceux qui lui
feront les plus néceffaires, les plus utiles, tiendront le
premier
l’H i s toi r e ^Na t u r e l l e , ,
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premier rang, par exemple, il donnera la préférence dans
l’ordre des animaux au cheval, au chien, au boeuf, St'c. &
il connoîtra toujours mieux ceux qui lui feront les plus
familiers; enfuite il s’occupera de ceux qui, fans être 'familiers,
ne 1 aiffent pas que d’habiter les mêmes lieux, les
mêmes climats, comme les cerfs, les lièvres & tous les
animaux fauvages, & ce ne fera qu’après toutes ces con-
noiffances acquifes que fa curiofité le portera à rechercher
ce que peuvent être les animaux des climats étrangers,
comme les éléphans, les dromadaires, &c. Il en°fera
de même pour les poiflons, pour les oifeaux, pour les
infeétes, pour les coquillages, pour les plantes, pour les
minéraux, & pour toutes les autres productions de la
Nature; il les étudiera à proportion de l’utilité qu’il en
pourra tirer, il les confidérera à mefure qu’ils fe préfen-
teront plus familièrement, & il les rangera dans fa tête
relativement à cet ordre de fes connoiffances, parce que
c’eft en effet l’ordre félon lequel il les a acquifes, & félon
lequel il lui importe de les conferver.
Cet ordre le plus naturel de tous, eft celui que nous
avons cru devoir fuivre. Notre méthode de diftribution
n eft pas plus myftérieufe que ce qu’on vient de voir,
nous partons des divifions générales telles qu’on vient
de les indiquer, & que perfonne ne peut contefter, &
enluite nous prenons les objets qui nous intéreffent le
plus par les rapports qu’ils ont avec nous, & de-là nous
paffons peu à peu jufqu’à ceux qui font les plus éloignez
* qu' nOUS, font étrangers, & nous croyons que cette
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