femble former un vuide dans le centre de ce mouvement,
comme on peut i’obferver dans plufieurs endroits auprès
des piles qui foûtiennent les arches des ponts, fur-tout
dans les rivières rapides ; il en eft de même des gounres
de la mer, ils font produits par le mouvement de deux
ou deplufieurs courans contraires; & comme le flux &
le reflux font la principale caufe des courans, en forte que
pendant le flux ils font dirigez d’un côté & que pendant
le reflux ils vont en fens contraire, il n’eft pas étonnant
que les gouffres qui réfultent de ces courans, attirent &
engloutiffent pendant quelques heures tout ce qui les
environne, & qu’ils rejettent enfliite pendant tout autant
de temps tout ce qu’ils ont abforbé.
Les gouffres ne font donc que des tournoiemens
d’eau qui font produits par des courans oppofez, & les
ouragans ne font que des tourbillons ou tournoiemens
d’air produits par des vents contraires ; ces ouragans font
communs dans la mer de la Chine & du Japon, dans
celle des ifles Antilles & en plufieurs autres endroits de
la mer, fur-tout auprès des terres avancées & des côtes
élevées | mais ils font encore plus fréquens fur la terre, &
les effets en font quelquefois prodigieux. « J ’ai vû, dit
Bellarmin, je ne le croirois pas fi je ne l’euffe pas vû ,
une foffe énorme creufée par le vent, & toute la terre de
cettefoffeemportée fur un village, en forte que l’endroit
d’où la terre avoit été enlevée, paroiffoit un trou épouvantable
, & que le village fut entièrement enterré par cette
terre tranfportée. » Beltarminus de afcenfu mentis in Deum.
T h é o r i e d e l a T e r r e . 4 9 i
On peut voir dans l’Hifloire de l’Académie des Sciences
& dans les Tranfaélions Philofophiques le détail des
effets de plufieurs ouragans qui paroiffent inconcevables,
& qu’on aurait de la peine à croire, fi les faits n’étoient
atteliez par un grand nombre de témoins oculaires, véridiques
& intelligens.
Il en eft de même des trombes que les Navigateurs ne
voient jamais fans crainte & fins admiration; ces trombes
font fort fréquentes auprès de certaines côtes de la médi-
terranee, fur-tout lorfque le ciel eft fort couvert & que le
vent fouffle en même temps de plufieurs côtés ; elles font
plus communes près des caps de Laôdicée, de Grecgo &
de Carmel, que dans les autres parties de la méditerranéen
La plupart de ces trombes font autant de cylindres d’eau
qui tombent des nues, quoiqu’il femble quelquefois, fur-
tout quand on eft à quelque diftance, que l’eau de la mer
s eleve en haut. Voye^ les Voyages de Shaw, vol. 2 , p .y tf.
Mais il faut diftinguer deux efpèces de trombes; la
première, qui eft la trombe dont nous venons de parler,
n eft autre choie qu une nuée épaiffe, comprimée , ref-
ferrée & réduite en un petit efpace par des vents oppofez:
& contraires, lefquels foufflant en même temps de plufieurs
côtés, donnent à la nuée la forme d’un tourbillon
cylindrique, & font que l’eau tombe tout-à-Ia fois fous
cette forme cylindrique ; la quantité d’eau eft fi grande
& la chute en eft fi précipitée, que fi malheureufement
une de ces trombes tomboit fur un vaifleau, elle le bri-
feroit & le fubmergeroit dans un inftant. On prétend,
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