&. s augmentèrent fi confidérablement avec le temps,'
qu’enfin elles s’ouvrirent en entier, dans un inftant toute la
terre s’écroula & tomba par morceaux dans l’abyme d’eau
qu’elle contenoit, voilà comme fe fit le déluge univerfel.
Mais toutes ces mafles de terre en tombant dans l’abyme
entraînèrent une grande quantité d’air, & elles fe
heurtèrent, fe choquèrent, fe divilerent, s’accumulèrent
fi irrégulièrement, qu’elles taillèrent entr’elles de grandes
cavités remplies d’air; les eaux s’ouvrirent peu à peu les
chemins de ces cavités, & à melùre qu’elles les remplif-
foicnt, la furface de la terre le découvrait dans les parties
les plus élevées, enfin il ne relia de l’eau que dans les parties
les plus balfes, c’elt-à-dire, dans les valles vallées qui
contiennent la mer; ainfi notre océan ell une partie de
1 ancien abyme, le relie ell entré dans les cavités intérieures
avec lefquelles communique l’océan. Les illes & les
écueils font les petits fragmens, les continens font les grandes
malfes de l’ancienne croûte ; & comme la rupture & la
chûte de cette croûte fe font faites avec confufion, il n’ell
pas étonnant de trouver lùr la terre des éminences, des
profondeurs, des plaines & des inégalités de toute efpèce.
Cet échantillon du lyllème de Burnet fuffit pour en
donner une idée; c’elt un roman bien écrit, & un livre
qu on peut lire pour s’amufer, mais qu’on ne doit pas
conlùlter pour s’inllruire. L ’auteur ignorait les principaux
phénomènes de la terre, & n*étoit nullement informé des
obfervations ; il a tout tiré de Ion imagination qui, comme
1 on fçait, fert volontiers aux. dépens de la vérité,
P R E U V E S
D E L A
T H E O R I E D E L A T E R R E .
A R T I C L E IV .
D u Syft ème de A l . Woodward.
Jean Woodward. An Ejfhy towards the Natural Hijlory e f the
Earth, &c.-
ON peut dire de cet auteur qu’il a voulu élever un
monument immenfe fur une bafe moins foiide que
le fable mouvant, & bâtir l’édifice du monde avec de la
pouffière; car il prétend que dans le temps du déluge il
s’ell fait une dilfolution totale de la terre, la première
idée qui fe préfente après avoir lû Ion livre ,■ c’elt que
cette dilfolution s’ell laite par les eaux du grand abyme,
qui fe font répandues fur la furface de la terre, & qui
ont délayé & réduit en pâte les pierres, les rochers, les
marbres-,, les métaux,&c. Il prétend que l’abyme où cette
eau étoit renfermée, s’ouvrit tout d’un coup à la voix
de Dieu , & répandit fur la furface de la terre la quantité
énorme d’eau qui étoit nécelfaire pour la couvrir & fur-
monter de beaucoup les plus hautes montagnes, & que
Dieu fulpendit la caüfe de la cohéfion des corps, ce qui
réduifit tout en pouffière, &c. Il ne fait pas attention que
par ces fuppofitions il ajoute au miracle du déluge univerfel