On trouve dans la terre une infinité d arbres grands &
petits de toute efpèce, comme lapins, chenes, bouleaux,
hêtres, ifs, aubépins, faules, frênes ; dans les marais de
Lincoln, le long de la rivière d Oufe, & dans la province
d ’Yorck en Hatfield-chace, ces arbres font droits 6c
plantez comme on les voit dans une foret. Les chenes
font fort durs, & on en emploie dans les batimens, où
ils durent * fort long-temps, les frênes font tendres &
tombent en pouffière, auffi-bien que les faules; on en
trouve qui ont été équarris, d’autres fciez, d autres percez,
avec des coignées rompues, & des haches dont la
forme reflemble à celle des couteaux de fàcrifice. On y
trouve auffi des noifettes, des glands & des cônes de
lapins en grande quantité, Plufieurs autres endroits marécageux
de l’Angleterre 6c de 1 Irlande font remplis de
troncs d’arbres, auffi-bien que les marais de France &
de Suiffe, de Savoie 6c d’Italie. Voyez Tranf. phil. abr.
pag. 2 1 8 , &c. vol. 4.
Dans la ville de Modène & à quatre milles aux environs
, en quelqu’endroit qu on fouille , lorfqu on efl
parvenu à la profondeur de 63 pieds & qu on a perce la
terre à c pieds de profondeur de plus avec une tarrière,
i’eau jaillit avec une fi grande force que le puits fe remplit
en fort peu de temps prefque jufqu au deffus, cette eau
* Je doute beaucoup de la vérité de ce fait, tous les arbres qu’on
tire de la terre, au moins tous ceux que j’ai vus, foit chenes, foit autres,
perdent en fe deffecb.mt, toute la folidité qu’ils paroitfent avoir d’abord
, & ne doivent jamais être employez dans les bâtimens.
T h é o r i e d e l a T e r r e . 579
coule continuellement & ne diminue ni n’augmente par
la pluie ou parlaféchereffe; ce qu’il y a de remarquable
dans ce terrein, c’eft que lorfqu’on eft parvenu à 14.
pieds de profondeur, on trouve les décombremens 6c
les ruines d’une ancienne ville, des rues pavées, des
planchers, des maifons, differentes pièces de mofaïque;
après quoi on trouve une terre affez folide 6c qu’on
croirait n’avoir jamais été remuée, cependant au deffous
on trouve une terre humide & mêlée de végétaux, 6c à
26 pieds des arbres tout entiers, comme des noifetiers
avec les noifettes deffus, 6c une grande quantité de
branches 6c de feuilles d’arbres; à 28 pieds on trouve
une craie tendre mêlée de beaucoup de coquillages, 6c
ce lit a 11 pieds d’épaiffeur, après quoi on retrouve
encore des végétaux, des feuilles & des branches, 6c ainfi
alternativement de la craie 6c une terre mêlée de végétaux
jufqu’à la profondeur de 63 pieds, à laquelle profondeur
efl: un lit de fable mêlé de petit gravier 6c de coquilles
femblables à celles qu’on trouve fur les côtes de la mer
d’Italie : ces lits fucceflifs de terre marécageufe 6c de
craie fe trouvent toûjours dans le même ordre, en quel-
qu’endrait qu’on fouille, & quelquefois la tarrière trouve
de gros troncs d’arbres qu’il faut percer, ce qui donne
beaucoup de peine aux ouvriers ; on y trouve auffi des
os, du charbon de terre, des .cailloux 6c des morceaux
de fer. Ramazzini qui rapporte ces faits, croit que le
golfe de Venife s’étendoit autrefois jufqu’à Modène 6c
au delà, 6c que par la fucceffion des temps les rivières,
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