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 jours. Enfuite Thomas Cavendish a fait ce grand  voyage  
 en  7 7 7   jours  dans  l’année  iy86  ,  ces  fameux  Voyageurs  
 ont été les premiers  qui  aient  démontré phyfique-  
 ment la fphéricité  & l’étendue  de  la circonférence  de  la  
 terre;  car  les  anciens  étoient  auffi  fort  éloignez  d’avoir  
 une jufle mefure de  cette  circonférence  du globe, quoiqu’ils  
 y  eulfent  beaucoup  travaillé.  Les  vents  généraux  
 & réglez,  & l’ufage qu’on en peut faire pour  les  voyages  
 de long cours, leur étoient aulfi abfolument inconnus ; ainfr  
 On ne  doit pas  être furpris du peu  de progrès  qu’ils  ont  
 fait dans la Géographie, puifqu’aujourd’hui, malgré toutes  
 les  connoiffances  que  l’on  a  acquifes  par  le fecours  des  
 fciences mathématiques & par les  découvertes des Navigateurs, 
   il  refie  encore bien  des  chofes  à  trouver  &  de  
 vafîes contrées à découvrir.  Prefque toutes  les terres qui  
 font  du  côté  du  pôle  antarélique  nous  font  inconnues,  
 on  fçait  feulement  qu’il y  en  a,  &  qu’elles  font féparées  
 de  tous  les  autres  eontinens  par  l’océan;  il  relie  auffi  
 beaucoup  de pays  à découvrir  du  côté  du pôle  arétique,  
 & l’on  eft obligé d’avouer avec quelque efpèce de regret,  
 que  depuis  plus  d’un  fiècle  l’ardeur  pour  découvrir  de  
 nouvelles terres s’efl extrêmement rallentie;  on a préféré,  
 & peut-être  avec  raifon,  l’utilité  qu’on a trouvée à faire  
 valoir  celles  qu’on  connoifloit, à la gloire d’en conquérir  
 de nouvelles. 
 Cependant la découverte  de ce s  terres  auftrales ferait  
 un grand objet de  curiofité,  & pourroit être utile ; on n’a  
 reconnu de ce côté-là que quelques côtes, & il eft fâcheux 
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 que les Navigateurs  qui ont voulu tenter cette découverte  
 en  différens temps, aient prefque toûjours été arrêtez par  
 des glaces qui les ont empêchez de prendre terre.  La brume, 
  qui  eft fort confidérable dans  ces parages,  eflencore  
 un  obflacle  :  cependant malgré ces inconvéniens,  il eft à  
 croire qu’en partant du cap de Bonne-efpérance en différentes  
 faifons,  on  pourroit  enfin  reconnoître une  partie  
 de  ces terres,  lefquelles jufqu’ici font un monde à  part. 
 Il y  aurait encore un  autre moyen  qui peut - être  réuf-  
 firoit  mieux ;  comme  les  glaces  & les brumes  paroiflent  
 avoir arrêté tous  les Navigateurs  qui  ont  entrepris la  découverte  
 des terres auftralespar l’océan  atlantique, & que  
 les glaces fe font préfentées  dans l’été de ces climats auffi-  
 bien  que  dans  les  autres  faifons,  ne  pourroit-on  pas  fe  
 promettre  un  meilleur  fuccès  en  changeant  de route.'  Il  
 mefemble  qu’on pourroit tenter d’arriver à  ces terres par  
 la  mer  pacifique,  en  partant  de  Baidivia  ou  d’un  autre  
 port  de  la  côte  du  Chili, & traverfant  cette mer fous  le  
 yo"1' degré de latitude fud.  II n’y a aucune apparence que  
 cette  navigation, qui n’a jamais été faite, fût périlleufe, &  
 il  eft  probable  qu’on  trouverait  dans  cette  traverfée  de  
 nouvelles  terres;  car  ce  qui  nous  refte  à  connoître  du  
 côté du  pole auftral  eft  fi  confidérable,  qu’on  peut, fans  
 fe  tromper,  l’évaluer à plus  du  quart  de la  fuperficie  du  
 globe,  en  forte  qu’il  peut  y  avoir  dans  ces  climats  un  
 continent terreftre  auffi  grand  que  l’Europe,  l’Afie  &  
 l’Afrique  prifes  toutes  trois  enfemble. 
 Comme  nous ne connoiffons point du tout cette partie 
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