jour mcfuré cette différence de niveau de l’eau du bord
de l’Aveiron & de celle du courant, ou du milieu de ce
fleuve, & avoir trouvé trois pieds de différence, en forte
que le milieu de l’Aveiron étoit de trois pieds plus élevé
que l’eau du bord. Cela doit en effet arriver toutes les
fois que l’eau aura une très-grande rapidité ; la vîteffe
avec laquelle elle efl emportée, diminuant l’aétion de fà
pefanteur, l’eau qui forme le courant ne fe met pas en
équilibre par tout fon poids avec l’eau qui efl; près des
bords, & c’eft ce qui fait qu’elle demeure plus élevée que
celle - ci. D’autre côté lorfqüe les fleuves approchent de
leur embouchûre, il arrive affez ordinairement que l’eau
qui efl près des bords efl plus élevée que celle du milieu,
quoique le courant foit rapide , la rivière paroît alors
former une courbe concave dont le point le plus bas efl
dans le plus fort du courant ; ceci arrive toutes les fois
que faction des marées fe fait fentir dans un fleuve. On
fçait que dans les grandes rivières le mouvement des eaux
occafionné par les marées efl fenfible à cent ou deux cens
lieues de la mer, on fçait auffi que le courant du fleuve
confèrve fon mouvement au milieu des eaux de la mer
jufqu’à des diflances confidérables ; il y a donc dans ce
cas deux rrtouvemens contraires dans l’eau dü fleuve, le
milieu qui forme le courant, fe précipite vers la mer, &
l’aétion de la marée forme un contre-courant, Un remous
qui fait remonter l’eau qui efl voifine des bords, tandis
que celle du milieu defcend ; & comme alors toute l’eau
du fleuve doit paffer par le courant qui efl au milieu,
celle des bords defcend continuellement vers le milieu,
& defcend d’autant plus qu’elle efl plus élevée & refoulée
avec plus de force par faction des marées.
Il y a deux efpèces de remous dans les fleuves, le premier,
qui efl celui dont nous venons de parler, efl produit
par une force vive, telle qu’eft celle de Jean de la mer
dans les marees, qui non feulement s’oppofe comme
obftacle au mouvement de l’eau du fleuve, mais comme
corps en mouvement, & en mouvement contraire &
oppofé à celui du courant de l’eau du fleuve ; ce remous
fait un contre-courant d autant plus fenfible que la marée
efl plus forte : l’autre efpèce de remous n’a pour caufe
qu’une force morte, comme efl celle d’un obflacle, d’une
avance de terre, d’une ifle dans la rivière,&c. quoique ce
remous n’occafionnepas’ ordinairement un contre-courant
bien fenfible, il l’eft cependant affez pour être reconnu
, & même pour fatiguer les Conduéteurs de bateaux fur
les rivières ; fi cette efpèce de remous ne fait pas toujours
un contre-courant, il produit néceflairement ce que les
gens de rivière appellent une morte, c’eft -à-dire, des
eaux mortes, qui ne coulent pas comme le refte de la
ri vière, mais qui tournoient de façon que quand les bâteaux
y font entraînez , il faut employer beaucoup de force pour
les en faire fortir. Ces eaux mortes font fort fenfibles dans
toutes les rivières rapides au paffage des ponts : la vîteffe
de l’eau augmente, comme fon fçait, à proportion que
le diamètre des canaux par où elle paflè, diminue, la force
qui la pouffe étant fuppofée la même; la vîteffe d’une