fur la plupart des côtes de la mer, quoiqu a differentes
heures, fuivant le climat & la poûtion des cotes ; ainfi les
côtes de la mer font battues continuellement des vagues,
qui enlèvent à chaque fois de petites parties de matières
qu’elles tranfportent au loin, & qui fe dépofent au fond;
& de même les vagues portent fur les plages baffes des
coquilles, des fables qui relient fur les bords, & qui s accumulant
peu à peu par couches horizontales forment a la
fin des dunes & des hauteurs auffi élevées que des collines,
& qui font en effet des collines tout-à-fait femblables aux
autres collines, tant par leur forme que par leur compofition
intérieure ; ainfi la mer apporte beaucoup de productions
marines fur les plages baffes, & elle emporte au loin toutes
les matières qu’elle peut enlever des côtes élevées contre
lefquelles elle agit, foit dans le temps du flux, foit dans le
temps des orages & des grands vents.
Pour donner une idée de l’effort que fait la mer agitée
contre les hautes côtes, je crois devoir rapporter un fait
qui m’a été affuré par une perfonne très-digne de foi, &
que j’ai cru d’autant plus facilement, que j ai vû moi-meme
quelque chofe d’approchant. Dans la principale des ifîes
Orcades il y a des côtes compofées de rochers coupez à
plomb & perpendiculaires à la furface de la mer, en forte
qu’en fe plaçant au deffus de ces rochers, on peut laiffer
tomber un plomb jufqu’à la furface de l’eau, en mettant
la corde au bout d’une perche de 9 pieds. Cette opération,
que l’on peut faire dans le temps que la mer efl tranquille,
a donné la mefure de la hauteur de la côte, qui efl de 200
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pieds. La marée dans cet endroit efl fort confidérable,
comme elle l’eft ordinairement dans tous les endroits où
il y a des terres avancées & des ifîes ; mais lorfque le vent
efl fort, ce qui efl très-ordinaire en E'coffe, & qu’en même
temps la marée monte, le mouvement efl fi grand & l’agitation
fi violente, que l’eau s’élève jufqu’au fommet des
rochers qui bordent la côte, c’eft-à-dire, à 200 pieds de
hauteur, & qu’elle y tombe en forme de pluie; elle jette
même à cette hauteur, des graviers & des pierres qu’elle
détache du pied des rochers, & quelques-unes de ces
pierres, au rapport du témoin oculaire que je cite ici, font
plus larges que la main.
J ’ai vû moi-même dans le port de Livourne, où la
mer efl beaucoup plus tranquille, & où il n’y a point de
marée, une tempête au mois de décembre 1731 où l’on
fut obligé de couper les mâts de quelques vaiffeaux qui
étoient à la rade, dont les ancres avoient quitté; j’ai
vû, dis-je, l’eau de la mer s’élever au deffus des. fortifications,
qui me parurent avoir une élévation très-confi-
dérable au deffus des eaux, & comme j’étois fur celles
qui font les plus avancées, je ne pus regagner la ville fans
être mouillé de l’eau de la mer beaucoup plus qu’on ne
peut l’être par la pluie la plus abondante.
Ces exemples fuffifent pour faire entendre avec quelle
violence la mer agit contre les côtes; cette violente agitation
détruit, ufe *, ronge & diminue peu à peu le terrein
* Une chofè allez remarquable fur les côtes de Syrie & de Phe'nicie,
c’eft qu’il paroît que les rochers qui font ie long de cette côte, ont e'té
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