
 
		j z   H i s t o i r e   N a t u r e l l e .  
 ces  contrées  orageufes où les vents en fureur  précipitent  
 la  tempête, où la mer & le ciel  également agitez  fe  choquent  
 &  fe  confondent :  ici  font  des  mouvemens intef-  
 tîns.des bouillonnemens“, des trombesb & des agitations  
 extraordinaires  caufées  par  des  volcans  dont  la  bouche  
 fubmergée  vomit  le  feu  du  fein  des  ondes,  &  pouffe  
 jufqu’aux  nues une cpaiffe vapeur mêlée d’eau,  de foufre  
 &  de  bitume.  Plus  loin  je  vois  ces  gouffres  c  dont  on  
 n’ofe  approcher,  qui  femblent  attirer  les  vaiffeaux pour  
 les  engloutir  :  au  delà  j’aperçois  ces  vafles  plaines  toujours  
 calmes & tranquilles J , mais  tout  auffi  dangereufes,  
 où  les  vents  n’ont jamais  exercé leur  empire,  où l’art du  
 Nautonnicr devient  inutile, où il faut relier & périr; enfin  
 portant  les  yeux  jufqu’aux  extrémités  du  globe,  je  vois  
 ces glaces  '  énormes  qui  fe  détachent des  continens des  
 pôles, & viennent comme des montagnes flottantes voyager  
 & fe fondre jufque  dans les régions tempérées. 1 
 Voilà les  principaux  objets  que  nous  offre  le  vafte  
 empire  de  la mer;  des  milliers  d habitans de  differentes  
 efpèces  en  peuplent  toute  l’étendue,  les  uns  couverts  
 d’écailles  légères  en  traverfent avec rapidité les, différens  
 pays,  d’autres  chargez  d’une  épaiffe  coquille  fe  traînent  
 pefamment  &  marquent  avec  lenteur  leur  route  fur  le  
 fable ;  d’autres à  qui  la Nature a  donné  des  nageoires en 
 à  Voyez les Voyages de Shaw, tom.  
 2. p.  56. 
 b Voyez les preuves, art. i Ô. 
 *  Le  Maleltroom  dans  la  mer  de  
 ^Norvège. ■ 
 a Les calmes & les tornados de la mer  
 E'thiopique. 
 e Voyez les preuves, art. 6 & i o.  
 f Voyez la Carte de l’expédition de M.  
 Bouvet,dreffée par M. Buacheen 1739. 
 formç 
 forme  d’ailes,  s’en  fervent  pour  s’élever  &  fe  foûtenir  
 dans  les  airs ;  d’autres  enfin  à  qui tout mouvement  a  été  
 refufé,  croiffent  &  vivent  attachez  aux  rochers;  tous  
 trouvent  dans  cet  élément  leur  pâture;  le  fond  de  la  
 mer  produit  abondamment des  plantes,  des  moufles  &  
 des  végétations  encore  plus  fingulières;  le  terrein  de  la  
 mer eft  de fable,  de  gravier,  fou vent de vafe,  quelquefois  
 de  terre  ferme,  de  coquillages,  de rochers,  &  partout  
 il reffemble à la terre  que nous habitons. 
 Voyageons  maintenant  fur  la  partie  sèche  du  globe,  
 quelle  différence  prodigieufe  entre  les  climats  !  quelle  
 variété de terreins ! quelle inégalité de niveau ! mais obfer-  
 vons exactement & nous  reconnoîtrons  que les grandes 1  
 chaînes de montagnes fe trouvent plus voifines de l’équateur  
 que des pôles;  que  dans  l’ancien  continent elles  s’étendent  
 d’orient en occident  beaucoup plus  que du nord  
 au  fud,  &  que  dans le  nouveau monde  elles  s’étendent  
 au  contraire du nord au  fùd  beaucoup  plus  que  d’orient  
 en  occident; mais ce  qu’il y a de très-remarquable,  c’eft  
 que  la  forme  de  ces  montagnes  &  leurs  contours  qui  
 paroiffent  abfolument  irréguliers  b,  ont  cependant  des  
 direétions  fuivies  & correfpondantesc entr’elles, en forte  
 que  les  angles faillans  d ’une  montagne  fe  trouvent  toujours  
 oppofez  aux angles rentrans  de la montagne voifine  
 qui  en  eft féparée  par  un  vallon  ou  par  une profondeur.  
 J  obferve  auffi  que  les  collines  oppofées  ont toujours  à 
 a Voyez les  preuves, art. 9.  1  « Voyez Lettres Phil. de Bourguet, 
 ^ Yoyez les preuves,  art.  9 & la,  |  pag.181. 
 Tome I. K