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 faites à la montagne Çhimboraço au Pérou, donneraient  
 dans  ce cas plus  de  degrés  qu’elles n’ont donné  
 de  fécondés  pour  la  déviation  du  fil  à  plomb.  30  La  
 pefànteur  des  corps  ferait  plus  grande  au  delfus  d’une  
 haute  montagne,  comme  le  Pic  de  Ténériffe,  qu’au  
 niveau  de  la mer,  en forte  qu’on  fe fentiroit  confidéra-  
 blement  plus  pelant  &  qu’on  marcherait plus  difficile-^  
 ment  dans  les  lieux  élevez  que  dans  les  lieux  bas.  Ces  
 confidérations & quelques autres qu’on pourrait y ajoûter,  
 doivent  nous  faire  croire  que  l’intérieur  du  globe  n’eft  
 pas vuide &  qu’il  eft rempli  d’une matière  alfez  denfe. 
 D ’autre cô té ,  fi au  delfous  de  deux ou  trois  lieues  la  
 terre  étoit  remplie  d’une  matière  beaucoup  plus  denfe  
 qu’aucune  des matières que  nous  connoilfons ,  il  arriverait  
 néceflàirement que  toutes les fois  qu’on  defcendroit  
 à  des  profondeurs  même  médiocres ,  on  peferoit  fenfi*  
 blement  beaucoup  plus  ,  les  pendules  s’accéléreraient  
 beaucoup  plus qu’ils ne s’accélèrent en effet lorfqu’on  les  
 tranfporte  d’un  lieu  élevé  dans  un  lieu  bas ;  ainfi  nous  
 pouvons  prélùmer  que  l’intérieur  de  la  terre  eft  rempli  
 d’une matière  à peu  près  femblable  à  celle  qui compofe  
 fa furface.  Ce  qui  peut  achever  de  nous  déterminer  en  
 faveur  de  ce fentiment,  c’eftque dans le temps de la première  
 formation  du  globe ,  lorfqu’il a pris la forme  d’un  
 fphéroïde applati fous les pôles, la matière qui le compofe,  
 étoit en  fufion ,  & par  conféquent  homogène, &  à  peu  
 près également denfe  dans toutes fes parties,  aufti-bien à 
 la furface 
 Th é o r i e   de  l a   T erre.  161  
 la furface qu’à l’intérieur. Depuis  ce  temps  la matière de  
 la furface,  quoique la même,  a  été  remuée  &  travaillée  
 par les  caufes extérieures,  ce  qui  a produit  des  matières  
 de différentes  denfités ; mais  on  doit  remarquer  que  les  
 matières  qui,  comme  l’or  &  les  métaux,  font  les  plus  
 denfes,  font  auffi  celles  qu’on  trouve  le  plus  rarement,  
 &  qu’en  conféquence  de  l’aétion  des  caufes  extérieures  
 la plus  grande  partie  de  la  matière  qui compofe le  globe  
 à la  furface, n’a pas fubi  de  très-grands  changemens  par  
 rapport à fa  denfité, & les  matières les  plus  communes,  
 comme le fable & fa glaife,  ne diffèrent pas beaucoup  en  
 denfité, en  forte  qu’il y a  tout  lieu  de  conjeéture r avec  
 grande  vrai-fèmblance,  que  l’intérieur  de. la  terre  eft  
 rempli  d’une  matière  vitrifiée  dont  la  denfité  eft  à  peu  
 près la même  que  celle  du  fable, & que par  conféquent  
 le  globe  terreftre  en  général  peut  être  regardé  comme  
 homogène. 
 Il  refte  une  reffource  à  ceux  qui  veulent  abfolument  
 faire  des  fuppofitions,  c’eft  de  dire  que  le  globe  eft  
 compofé  de  couches  concentriques  de  différentes  den-  
 fités,  car  dans  ce  cas  le mouvement diurne  fera  égal, &  
 l’inclinaifon  de  l’axe  confiante  comme  dans  le  cas  de  
 l’homogénéité.  Je  l’avoue,  mais  je  demande  en  même  
 temps  s’il  y  a  aucune  raifon  de  croire  que  ces  couches  
 de différentes denfités  exiftent, fi ce  n’eft  pas vouloir que  
 les ouvrages  de la Nature s’ajuftent à nos  idées abftraites,  
 &  fi  l’on  doit admettre  en Phyfique une  ftippofition  qui  
 n’eft fondée  fur  aucune  obfervation, aucune analogie-, &  
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