356 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
par le Pô & par les rivières qui y tombent, foit a la furface
débouté la terre sèche en même proportion que le Po eft
à toutes les rivières de la terre. Or par les cartes les plus
exactes le Pô, depuis là fource jufqu’à fon embouchure,
traverfe un pays de 380 milles de longueur,6c les rivières
qui y tombent de chaque côté viennent de fources 8c de
rivières qui font à environ foixante milles de diftance du
Pô ; ainfi ce fleuve 6c les rivières qu’il reçoit, arrofent un
pays de 380 milles de long 6c de 120 milles de large, ce
qui fait 4.5600 milles quarrez: mais la furface de toute la
terre sèche eft de 854.50506 milles quarrez, par confe-
quent la quantité d’eau que toutes les rivières portent a la
mer, fera 1874. fois plus grande que la quantité que le Pô
lui fournit; mais comme vingt-fix rivières comme le Po
fourniffent un mille cubique d’eau à la mer par jour, il
s’enftiit que dans l’efpace d’un an 1874 rivières comme
le Pô fourniront à la mer 26308 milles cubiques d eau,
& que dans l’efpace de 812 ans toutes ces rivières
fourniroient à la mer 21372626 milles cubiques d eau,
c’eft-à-dire , autant qu’il y en a dans l’océan, & que par
conféquent il ne faudrait que 812 ans pour le remplir.
Voyez J. K e ill, Examination o f Burnet’s Theory. London
173 P , pag- 12 6 ir fu iv .
Il réfulte de ce calcul, que la quantité d’eau que l’évaporation
enlève de la furface de la mer, que les vents
tranfportent fur la terre, & qui produit tous les ruiffeaûx
6c tousles fleuves, eft d’environ deux cens quarante-cinq
lignes, ou de vingt à vingt-un pouces par an, ou d’environ
Th é o r i e de la Terre. 357
les deux tiers d’une ligne par jour; ceci eft une très-petite
évaporation, quand même on la doublerait ou triplerait,
afin de tenir compte de l’eau qui retombe fur la mer, 8c qui
n’eft pas tranfportée fur la terre. Voyez fur cefujet l’Ecrit de
Jialley dans les Tranfadions philofoph. num. 132, où il fait
voir évidemment & par le calcul, que les vapeurs qui s’élèvent
au defliis de la mer 6c que les vents tranfportent fur
la terre, font fuffifàntes pour former toutes les rivières 6c
entretenir toutes les eaux qui font à la furface de la terre.
Après le Nil le Jourdain eft le fleuve le plus confidé-
rable qui foit dans le Levant, & même dans la Barbarie,
il fournit à la mer morte environ fix millions de tonnes
d’eau par jour ; toute cette eau, & au delà, eft enlevée
par l’évaporation , car en comptant, fuivant le calcul de
Hailey, 6914 tonnes d’eau qui fe réduit en vapeurs fur
chaque mille fuperficiel, on trouve que la mer morte qui
372 milles de long fur 18 milles de large, doit perdre tous
les jours par l’évaporation près de neuf millions de tonnes
d’eau, c’eft-à-dire, non feulement toute l’eau qu’elle
reçoit du Jourdain , mais encore celle des petites rivières
qui y arrivent des montagnes de Moab & d’ailleurs, par
conféquent elle ne communique avec aucune autre mér
par des canaux fouterrains. Voyez les Voyages de Shaw,
yol. 2, pag. y r.
' Les fleuves les plus rapides de tous font le Tigre,
A Indus, le Danube , l’Yrtis en Sibérie,; le Malmiftra en
Cilicie,&c. Voyez Varetùi Geogr, pag. jyd. mais, comme
■ nous l’avons dit au commencement de cet article , la
Yyiij