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plus de i ooooo autour de Dullart, en Frife & en Zelande,
& il y eut dans ces deux provinces plus de deux ou trois
cens villages de fubmergez, on voit encore les fommets
de leurs tours & les pointes de leurs clochers qui s’élèvent
un peu au deflus-des eaux*
Sur les côtes de France, d’Angleterre, de Flollande,
d’Allemagne, de Prude, la mer s’eft éloignée en beaucoup
d’endroits. Hubert Thomas dit dans la defcription
du pays de Liège, que la mer environnoit autrefois les
murailles de la ville de Tongres, qui maintenant en eft
éloignée de 35 lieues, ce qu’il prouve par plufieurs bonnes
raifons, & èntr’autres il dit qu’on voyoit encore de
fon temps les anneaux de fer dans les murailles auxquelles
on attachoit les vaifleaux qui y arrivoient. On peut encore
regarder comme des terres abandonnées par la mer, en
Angleterre les grands marais de Lincoln 8c 1 ilîe d E ly ,
en France la Crau de la Provence, 8c meme la mer s eft
éloignée affez confidérablement à l’embouchure du Rhône
depuis l’année 1665. En Italie il s eft forme de meme un
terrein confidérable à I embouchûre de 1 Ame, 8c Raven-
ne qui autrefois étoit un port de mer des Exarques, n eft
plus une ville maritime; toute la Hollande paroit être un
terrein nouveau, où la flirface de la terre eft prefque de niveau
avec le fond de la mer, quoique le pays feToit confidérablement
élevé & s’élève tous les jours par les limons &
les terres que le Rhin, la Meufe,&c. y amènent; carautrefois
on comptoit que le terrein de la Hollande etoit en plufieurs
endroits de 50 pieds plus bas que le fond de la mer.
On prétend qu’en l’année 860, la mer dans une tempête
furieufe amena vers la côte une fi grande quantité
de fables qu’ils fermèrent i’embouchûre du Rhin auprès
de Catt, 8c que ce fleuve inonda tout le pays, renverfa
les arbres & les maifons, & fe jeta dans le lit de la Meufe.
En 142.1 il y eut une autre inondation qui fépara la ville dç
Dordrecht de la terre ferme, fubmergea foixante 8c douze
villages, plufieurs châteaux, noya 100000 âmes, & fit
périr une infinité de beftiaux. La digue de flffel fe rompit
en 163 8 par quantité de glaces que le Rhin entraînoit, qui
ayant bouché le paflage de l’eau, firent une ouverture de
quelques toifes à la digue, & une partie de la province fut
inondée avant qu’on eût pû réparer la brèche; en 1682 il
y eut une pareille inondation dans la province de Zélande,
•qui fubmergea plus de trente villages, 8c caufa la perte
d’une infinité de monde 8c de beftiaux qui furent furpris
la nuit par les eaux. Ce fut un bonheur pour la Hollande
.que le vent de fud-eft gagna fur celui qui lui étoit oppofé ;
car la mer étoit fi enflée que les eaux étoient de 18 pieds
plus hautes que les terres les plus élevées de la province,
à la réferve des dunes. Voyez les Voyag. hifi. de l’Europe,
tom. y , pag. y o .
Dans la province de Kent en Angleterre, il y avoit à
Hith un port qui s’eft comblé malgré tous les foins que
l’on a pris pour l’empêcher, & malgré la dépenfe qu’on
a faite plufieurs fois pour le vuider; on y trouve une multitude
étonnante de galets 8c de coquillages apportez par
la mer dans l’étendue de plufieurs milles, qui s’y font