» occidentales, non feulement de Sumatra mais auffi de
« Java, de Timor, &c. On n’aurait jamais fait fi i on vouioit
„ produire tous les exemples qu’on pourrait trouver; on dira
», feulement en général, qu’il efl rare que les cotes hautes
,, foient fans eaux profondes, & au contraire les terres baffes
» & les mers peu creufes, fe trouvent prefque toujours en-
femble. » Voyage de Dampier autour du monde, tome 2 ,
pag. 4 7 6 & fu iv.
On eft donc affuré qu’il y a des inégalités dans le fond
de la mer, & des montagnes très-confidérables, par les
obfervations que les navigateurs ont faites avec la fonde.
Les plongeurs affurent auffi qu’il y a d’autres petites inégalités
formées par des rochers, & qu’il fait fort froid dans
les vallées de la mer ; en général dans les grandes mers
les profondeurs augmentent, comme nous l’avons d it,
d’une manière affez uniforme, en s’éloignant ou en s’approchant
des côtes. Par la carte que M. Buache a dreffée
de la partie de l’océan comprife entre les côtes d’Afrique
& d’Amérique, & par les coupes qu’il donne de la mer
depuis le cap Tagrin jufqu’à la côte de Rio-Grande, il
paraît qu’il y a des inégalités dans tout l’océan comme
fur la terre ; que les abrolhos où il y a dés vigies & où
l’on voit quelques rochers à fleur d’eau, ne font que des
fommets de très-groffes & de très-grandes montagnes,
dont Pifle Dauphine eft une des plus hautes pointes ; que
les ifles du Cap Vèrd ne font de même que des fommets de
montagnes ; qu’il y a un grand nombre d ’écueils dans cette
mer, où l’on eft obligé de mettre des vigies, qu’enfuite le
T h é o r i e d e l a T e r r e . 4 4 7
terrein tout autour de ces abrolhos, defcend jufqu’à des
profondeurs inconnues, & auffi autour des ifles.
A l’égard de la qualité des différons terrains qui forment
le fond de la m er, comme il eft impoffible de l’examiner
de près, & qu’il faut s’en rapporter aux plongeurs & à la
fonde, nous ne pouvons rien dire de bien précis ; nous
fçavons feulement qu’il y a des endroits couverts de bourbe
& de vafe à une grande épaiffeur, & fur lefquels les
ancres n’ont point de ténue, c’eft probablement dans ces
endroits que fe dépofe le limon des fleuves ; dans d’autres
endroits ce font des fables femblables aux fables que nous
.connoiffons, & qui fe trouvent de même de différente
couleur & de différente groffeur, comme nos fables ter-
reflres; dans d’autres ce font des coquillages amoncelez,
des madrépores, des coraux & d’autres productions animales
, iefquelles commencent à s’unir, à prendre corps
& à former des pierres ; dans d ’autres ce font des fragmens
de pierre, des graviers, & même fouvent despierres toutes
formées & des marbres, par exemple, dans les ifles Maldives
on ne bâtit qu’avec de la pierre dure que l’on tire fous
les eaux à quelques brades de profondeur ; à Marfcille on
tire du très-beau marbre du fond de (amer, j’en ai vu pju-
fieurs échantillons, & bien loin que la mer altère & gâte les
pierres & .les marbres, nous prouverons dans notre difçours
fur les minéraux , que .c’eft dans la mer qu’ils fe forment
p qu’fls fè confervcnt, au lieu que lefolcil, la terre, l’air
éy l’eau des pluies les corrompent & les détruifent.
Nous n,e pouvons donc pas douter .que le fond de la