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ancienne de la divifion des animaux en Solipèdes, Pieds-
Fourchus & FiJJipèdes, ou la méthode nouvelle de la divi-
fion des animaux par les dents & les mamelles, &c.
Cette objection, qui d’abord pourrait paraître fpé-
cieufe, s’évanouira dès qu’on l’aura exarqinée. Ne vaut-
il pas mieux ranger, non feulement dans un traité d’Hif-
toire Naturelle, mais même dans un tableau ou par-tout
ailleurs, les objets dans l’ordre & dans la pofition où ils
fe trouvent ordinairement, que de les forcer à fe trouver
enfemble en vertif d’une fuppofition ! Ne vaut-il pas
mieux faire fuivre le cheval qui eft folipède, par le chien
qui eft fiffipède, & qui a coutume de le fuivre en effet,
que par un zèbre qui nous eft peu connu , & qui n’a
peut-être d’autre rapport avec le cheval que d’être folipède
S D ’ailleurs n’y a-t-il pas le même inconvénient
pour les différences dans cet arrangement que dans le
nôtre un dion parce qu’il eft fiffipède reffemble-t-il à
un rat qui eft auffi fiffipède , plus qu’un cheval ne
reffemble à un chien ! un éléphant folipède reffemble-
t-il plus à un âne folipède auffi, qu’à un cerf qui eft
pied-fourchu ! Et fi on veut fe fervir de la nouvelle
méthode dans laquelle les dents & les mamelles font
les caractères fpécifiques, & fur lefquelles font fondées
les divifions & les diftributioils, trouvera-t-on qu’un
liort reffemble plus à une chauve-fouris, qu’un cheval
ne reffemble à un chien î ou bien, pour faire notre com-
paraifon encore plus exactement, un cheval reffemble-t-il
plus à un cochon qu’à un chien, ou un chien reffembleT
t-il plus à une taupe qu’à un cheval * ! Et puifqu’il y
a autant d’inconvéniens & des différences auffi grandes
dans ces méthodes d’arrangement que dans la nôtre, Sc
que d’ailleurs ces méthodes n’ont pas les mêmes avantages,
& qu’elles font beaucoup plus,éloignées de la façon
ordinaire & naturelle de confidérer les chofes , nous
croyons avoir eu des raifons fuffifàntes pour lui donner
la préférence , & ne fuivre dans nos diftributions que
l’ordre des rapports que les chofes nous ont paru avoir
avec nous-mêmes.
Nous n’examinerons pas en détail toutes les méthodes
artificielles que l’on a données pour la divifion des animaux,
elles font toutes plus ou moins fujettes aux incon-
véniens dont nous avons parlé au fujet des méthodes de
Botanique, & il nous paraît que l’examen d’une feule de
ces méthodes fuffit pour faire découvrir les défauts des autres
; ainfi nous nous bornerons ici à examiner celle de M.
Linnæus qui eft la plus nouvelle, afin qu’on foit en état de
juger fi nous avons eu raifon de la rejeter, & de nous attacher
feulement à l’ordre naturel dans lequel tous les hommes
ont coutume de voir & de confidérer les chofes.
M. Linnæus divife tous les animaux en fix claffes ,
fçavoir, les Quadrupèdes, les Oifeaux , les Amphibies,
les Poijfons , les Infeâes & les Vers. Cette première
divifion eft , comme l’on voit, très - arbitraire & fort
incomplète, car elle ne nous donne aucune idée de
certains genres d’animaux , qui font cependant très-
* Voyez Lirai, fyjt. nat. p. 6 ; . & fuiy.