& cela pourrait être fondé, qu’en tirant fur la trombe
plufieurs coups de canons chargez à boulets, on la rompt,
& que cette commotion de l’air la fait ce (Ter affez
promptement; cela revient à l’effet des cloches qu’on
Tonne pour écarter les nuages qui portent le tonnerre &
la grêle.
L ’autre efpèce de trombe s’appelle typhon, & plufieurs
Auteurs ont confondu le typhon avec l’ouragan, fur-tout
en parlant des tempêtes de la mer de la Chine, qui eft en
effet fùjette à tous deux, cependant ils ont des caufes bien-
différentes. Le typhon ne defcend pas des nuages comme
la première efpèce de trombe, il n’eft pas uniquement
produit par le tournoiement des vents comme l’ouragan,
il s’élève de la mer vers le ciel avec une grande violence,.
& quoique ces typhons reffemblent aux tourbillons qui-
s’élèvent fur la terre en tournoiant, ils ont une autre origine.
On voit fouvent, lorfque les vents font violens de-
contraires, les ouragans élever des tourbillons de fable,
de terre, & fouvent ils enlèvent & tranfportent dans ce
tourbillon les rhaifons, les arbres, les animaux. Les typhons
de mer au contraire relient dans la même place,
& ils n’ont pas d’autre caufe que celle des feux fouter-
rains, car la mer eft alors dans une grande ébullition &
l’air eft fi fort rempli d’exhalaifons fulphureufes, que le
ciel paraît caché d’une croûte couleur de cuivre, quoiqu’il
n’y ait aucuns nuages & qu’on puiffe voir à traversées
vapeurs le foleil & les étoiles ; c’eft à ces feux foûter-
jains qu’on peut attribuer la tiédeur de la mer de la Chine
en hiver, où ces typhons font très-fréquens. Voye^ A ü a
erud. Lipf. Supplem. tom. i , pag. poy.
Nous allons donner quelques exemples de la manière
dont ils fe produifent : voici ce que dit Thévenot dans
fon voyage du Levant. « Nous vîmes des trombes dans
le golfe Perfique entre les ifies Quéfomo, Laréca & «
Ormus. Je crois que peu de perfonnes ont confidéré «
les trombes avec toute l’attention que j’ai faite, dans la «
rencontre dont je viens de parler, & peut-être qu’on n’a '«*
jamais fait les remarques que le hafard m’a donné lieu
de faire ; je les expoferai avec toute la fimplicité dont «r
je fais profefffon dans tout le récit de mon voyage, afin «
de rendre les chofes plus fenfibles & plus-aifées à com- «
prendre. «
La première qui parut à nos yeux étoit du côté du nord «
ou tramontane, entre nous & biffe Quéfomo, à la portée «
d ’un fufil du vaiffeau, nous avions alors la proue à grec- «
levant ou nord - eft. Nous aperçûmes d’abord en cet «
endroit l’eau qui bouillonnoit & étoit élevée de la furface «
de la mer d’environ un pied , elle étoit blancheâtre , «
& au deffùs paroiffoit comme une fumée noire un peu «
epaiffe, de manière que cela reffembloit proprement à un «
tas de paille où l’on aurait mis le feu, mais qui ne ferait «
encore que fumer; cela faifoit un bruit fourd femblabie «
à celui d’un torrent qui court avec beaucoup de violence «
dans un profond vallon ; mais- ce bruit étoit mêlé d’un «
autre un peu plus clair femblabie à un fort fifffement de »
ferpens ou d’oies; un peu après nous vîmes comme un-«-
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