font refroidies, & c’eft dans le temps de cet état de fluidité
caufée par le feu, qu’elles auront pris leur figure, &
que leur mouvement de rotation aura fait élever les parties
de l’équateur en abaiflant les pôles. Cette figure qui
s’accorde fi bien avec les loix d e l’Hydroftatique, fuppofe
néceflàirement que la terre & les planètes aient été dans
un état de fluidité, & je fuis ici de l’avis de M. Leibnitz*;
cette fluidité étoit une liquéfaétion caufée par la violence
de la chaleur, l’intérieur de la terre doit être une matière
vitrifiée dont les labiés, les grès, le roc vif, les granités,
& peut-être les argilles, font des fragmens & des fcories.
On peut donc croire avec quelque vrai-femblance,
que les planètes ont appartenu au foleil, qu’elles en
ont été féparées par un feul coup qui leur a donné un
mouvement d ’impulfion dans le même- fens & dans le
même plan, & que leur pofition à differentes diftances
du foleil ne vient que de leurs differentes denfités. Il relie
maintenant à expliquer par la même théorie le mouvement
de rotation des planètes & la formation des fatellites;
mais ceci, loin d’ajouter des difficultés ou des impoffibi-
iités à notre hypothèle, fernble au contraire la confirmer.
Car le mouvement de rotation dépend uniquement
de 1 obliquité du coup, & il effc néceflàire qu’une impul-
fion, dès qu’elle ell oblique à la furface d’un corps, donne
a ce corps un mouvement de rotation ; ce mouvement de
rotation fera égal & toûjours le même, fi le corps qui le
reçoit, eft homogène, & il fera inégal fi le corps ell
* Pratoÿd’a, aut G, G* L, aci, Lr< Lipf. an, 1692,
T h é o r i e de la T erre. j51
compofé de parties hétérogènes ou de differente denfité,
& de-là on doit conclurre que dans chaque planète la matière
ell homogène, puifque leur mouvement de rotation
ell égal ; autre preuve de la féparation des parties denfes
& moins denfes lorfqu’elles fe font formées.
Mais l’obliquité du coup a pu être telle qu’il fe fera
féparé du corps de la planète principale de petites parties
de matière, qui auront confervé la même direétion de
mouvement que la planete même, ces parties le feront
réunies, fuivantleurs denfités, à différentes diftances de
la planète par la force de leur.attraélion mutuelle, & en
meme temps elles auront fiiivi néceflàirement la planète
dans Ion cours autour du foleil en tournant elles-mêmes
autour de la planète, à peu près dans le plan de fon orbite.
On voit bien que ces petites parties que la grande obliquité
du coup aura féparées, font les fatellites ; ainfi la formation,
la pofition & la direétion des mouvemens des
fatellites s’accordent parfaitement avec la théorie, car ils
ont tous la même direétion de mouvement dans des cercles
concentriques autour de leur planète principale, leur
mouvement eft dans le même plan, & ce plan eft celui de
1 orbite de la planète ; tous ces effets qui leur font communs
& qui dépendent de leur mouvement d ’impulfion,
ne peuvent venir que d ’une caufe commune, c’eft-à-dire,
d ’une impulfion commune de mouvement, qui leur a été
communiquée par un feul & même coup donné fous une
certaine obliquité.
Ce que nous venons de dire fur la caufe du mouvement