grand nombre de pièces de monnoie frappées du temps
d ’E'douard IV , c’eft-à-dire, 2 0 0 ans auparavant, en
forte que ce terrein, qui eft marécageux, s’eft augmenté
d ’environ un pied en onze ans, ou d’un pouce & un
douzième par an. On peut encore faire une obfervation
femblable iiir des arbres enterrez à 17 pieds de profondeur,
au deffous defquels on a trouvé des médailles de
Jules Céfar; ainfi les terres amenées du defïus des montagnes
dans les plaines parles eaux courantes, ne Liftent
pas d’augmenter très - confidérablement l’élévation du
terrein des plaines.
Ces graviers, ces fables & ces terres que les eaux détachent
des montagnes & qu ’elles entraînent dans les plaines,
v forment des couches qu’il ne faut pas confondre avec
les couches anciennes & originaires de la terre. On doit
mettre dans la clafle de ces nouvelles couches, celles de
tuf, de pierre,molle, de gravier & de fable dont les grains
font lavez & arrondis ; on doit y rapporter aulfi les couches
de pierre qui fe font faites par une efpèce de dépôt
& d’incruftation, toutes ces couches ne doivent pas leur
origine au mouvement & aux fédimens des eaux de la
mer. On trouve dans ce s tufs & dans ces pierres molles
& imparfaites une infinité de végétaux, de feuilles d’arbres
, de coquilles terreflres ou fluviatiles, de petits os
d’animaux terreflres, & jamais de coquilles ni d’autres
produélions marines; ce qui prouve évidemment, auffi-
bien que leur peu de folidité, que ces couches fe font
formées fur la furface de la terre sèche, & qu’elles font
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bien plus nouvelles que les marbres & les autres pierres qui
contiennent des coquilles, & qui fe font formées autrefois
dans la mer. Les tufs & toutes ces pierres nouvelles paroif-
fent avoir de la dureté & de la folidité lorfqu’on les tire,
mais fi on veut les employer, on trouve que l’air & les
pluies les diffolvent bientôt; leur fubfiancc eft même fi
différente de la vraie pierre, que lorfqu’on les réduit en
petites parties & qu’on en veut faire du fable, elles fe con-
vertiffent bientôt en une efpèce de terre & de boue; les
ftalaétites & les autres concrétions pierreufes que M. de
Tournefort prenoitpour des marbres qui avoient végété,
ne font pas de vraies pierres , non plus que celles qui font
formées par des incruftations. Nous avons déjà fait voir
que les tufs ne font pas de l’ancienne formation, & qu’on
ne doit pas les ranger dans la claffe des pierres. Le tuf
eft une matière imparfaite, différente de la pierre & de
la terre, & qui tire fon origine de toutes deux par le
moyen de l’eau des pluies, comme les incruftations pierreufes
tirent la leur du dépôt des eaux de certaines fontaines
, ainfi les couches de ces matières ne font pas
anciennes & n’ont pas été formées, comme les autres, par
le fédiment des eaux de la mer; les couches de tourbes
doivent être auffï regardées comme des couches nouvelles-
qui ont été produites par l’entaffement fucceffîf des arbres
& des autres végétaux à demi pourris , & qui ne fe font
confervez que parce qu’ils fe font trouvez dans des terres
bitumineufes, qui les ont empêché de fe corrompre en
entier. On ne trouve dans toutes ces nouvelles couches
C c c c iij