coup d’oeil. A la vérité nos connoiffances à cet égard
feront toujours bornées : nous ne connoiffons point
encore la furface entière a du globe, nous ignorons en
partie ce qui fe trouve au fond des mers, il y en a dont
nous n’avons pû fonder les profondeurs : nous ne pouvons
pénétrer que dans l’écorce de la terre, 6c les plus b
grandes cavités, les mines c les plus profondes ne defcen-
dent pas à la huit millième partie de fon diamètre ; nous
ne pouvons donc juger que de la couche extérieure 6c
prefque lùperficielle, l’intérieur de la maffe nous eft entièrement
inconnu : on fçait que, volume pour volume, la
terre pèfe quatre fois plus que le Soleil ; on a auffi le rapport
de fa pefànteur avec les autres planètes, mais ce
n’eft qu’une eftimation relative , l’unité de mefure nous
manque, le poids réel de la matière nous étant inconnu,
en forte que l’intérieur de la terre pourrait être ou vuide
ou rempli d’une matière mille fois plus pefante que l’o r,
6c nous n’avons aucun moyen de le reconnoître; à peine
pouvons nous former fur cela quelques d conjectures
raifonnables.
Il faut donc nous borner à examiner & à décrire la
furface de la terre, 6c la petite épaiffeur intérieure dans
laquelle nous avons pénétré. La première chofe qui fe
préfente, c’elt l’immenfe quantité d’eau qui couvre la
plus grande partie du globe; ces eaux occupent toujours
c-a Voyez les preuves, art. 6.
k V. Tranf, P h il. Abrigd. vol. 1.
p 3 23.
•Voyez Boyle’s Works, vol. 3. p«
232.
d Voyez les preuves, art. 1.
T h é o r i e de la T erre 7 1
les parties les plus baffes, elles font auffi toûjours de
niveau, 6c elles tendent perpétuellement à l’équilibre 6c
au repos : cependant nous les voyons a agitées par une
forte puiffance, qui s’oppofant à la tranquillité de cet élément,
lui imprime un mouvement périodique 6c réglé *
foûlève 6c abaiffe alternativement les flots, 6c fait un.
balancement de la maffe totale des mers ên les remuant
jufqu a la plus grande profondeur. Nous fçavons que ce:
mouvement eft de tous les temps, 6c qu’il durera autant
que la lune 6c le foleil qui en font les caufes.
, Confidérant enfuite le fond de là mer, nous y remarquons
autant d’inégalités h que fur la furface de la terre
nous y trouvons des hauteurs % des vallées, des plaines,,
des profondeurs, des rochers-, des terrains de toute efpèce;
nous voyons que toutes les ifïes ne font que les fom-
mets d de vaftes montagnes, dont le pied 6c les racines',
font couvertes-de l’élément liquide; nous y trouvons:-
d’autres- fommets de montagnes qui font prefqu’à fleur
d’eau,- nous- y remarquons des courans. e rapides qui
fêmblent fe fouftraire au mouvement général : on les
voit f fe- porter quelquefois conftamment dans la même
direélion, quelquefois rétrograder 6c ne jamais excéder
leurs limites-, qui paroiffent auffi invariables que celles
qui bornent les efforts des, fleuves de la terre. Là font
c-* Voyez les preuves, art. 12.
b Voyez- les preuves, art. 13.
c Voyez la Carte.drefîee en 1 7 3 7 par
M l Bùache, des profondeurs de l’Océan
entre l’Afrique & l’Amérique*
d Voyez. Varen, Geogr. gen. page*
2.18:
e Voyez les- preuves, art. ? 3
' f Voyez Varen. p. 14,0. Voyez aüüïî
les Voyages de Pirard, pàg. 137*