y a une grande quantité de coquillages, & cette muraille
étoit faite il y a deux mille cinq cens ans. Voye^ Stenon
in Prodromo diffi de Solido intra folidum, pag. dp. La
plûpart des marbres antiques, les porphyres & les autres
pierres des plus anciens monumens contiennent donc des
coquilles, des pointes d’ourfins, & d’autres débris des
productions marines, comme les marbres que nous tirons
aujourd’hui de nos carrières; ainfr on ne peut pas douter ,
indépendamment même du témoignage facré de l’écriture
fiiinte, qu’avant le déluge la terre n’ait été compofée des
mêmes matières dont elle l’eft aujourd’hui.
Par tout ce que nous venons de dire, on peut être
afluré qu’on trouve des coquilles pétrifiées en Europe.,
en Afie & en Afrique dans tous les lieux où le hafard a
conduit les obfervateurs ; on en trouve auffi en Amérique,
au Brefd, dans le Tucuman, dans les terres Magellani-
ques, & en fi grande quantité dans les ifîes Antilles, qu’au
deffous de la terre labourable, le fond, que les habitans
appellent la chaux, n’eft autre chofe qu’un compofé de
coquilles, de madrépores, d’aftroïtes & d ’autres productions
de la mer. Ces obfervations qui font certaines,
m’auroient fait penfer qu’il y a de même des coquilles
& d’autres productions marines pétrifiées dans la plus
grande partie du continent de l’Amérique, & fur-tout dans
les montagnes, comme l’affure Woodward ; cependant
M. de la Condamine qui a demeuré pendant plufieurs
années au Pérou, m’a afluré qu’il n’en avoit pas vû dans
,les Cordillères, qu’il en avoit.cherché inutilement, & qu’il
ne croyoit pas qu’il y en eût. Cette exception feroit fin-
gulière, & les conféquences qu’on en pourroit tirer le
feraient encore plus ; mais j’avoue que, malgré le témoignage
de ce célèbre obfervateur, je doute encore à cet
égard, & que je fuis très-porté à croire qu’il y a dans les
montagnes du Pérou, comme par-tout ailleurs, des coquilles
& d’autres pétrifications marines, mais qu’elles ne
fe font pas offertes à fes yeux. On fçait qu’en matière de
témoignages, deux témoins pofitifs qui affurent avoir vû,
fuffifent pour faire preuve complette , tandis que mille &
dix mille témoins négatifs, & qui affurent feulement n’avoir
pas vû, ne peuvent que faire naître un doute léger;
c ’eft pour cette raifon, & parce que la force de l’analogie
m’y contraint, que je perfifteà croire qu’on trouvera des
coquilles fur les montagnes du Pérou,. comme on en
trouve prefque par-tout ailleurs , fur-tout fi on les cherche
fur la croupe de la montagne & non pas au fommet.
Les- montagnes, les plus élevées font ordinairement
compofées au fommet, de roc vif, de granité, de grès &
d ’autres matières vitrifiables qui ne contiennent que peu
ou point de coquilles. Toutes ces matières fe font formées
dans les couches du fable de la mer qui recouvraient
le deffus de ces montagnes ; lorfque la mer a laiffé à découvert
cesfommets de montagnes , les fables ont coulé
dans les plaines, où ils ont été entraînez par la chûte des
eaux des pluies, &e. de forte qu’il n’eft demeuré au deffus
des montagnes que les rochers quis’éfoient formez dans
l’intérieur de ces. couches de, fable. A 200, 300 ou 400.