qu’ils ont fournis, toutes les comparaifons que les Poètes
en ont tirees, tous les attributs que certains peuples leur
ont accordez, toutes les repréfentations qu’on en fait dans
les hiéroglyphes, dans les armoiries, en un mot toutes
les hiftoires & toutes les fables dont on s’eft jamais avifé
au fujet des coqs ou des boeufs. Qu’on juge après cela
de la portion d’Hiftoire Naturelle qu’on doit s’attendre
à trouver dans ce fatras d’écritures ; & fi en effet l’Auteur
ne l’eût pas mife dans des articles féparez des autres, elle
n’auroit pas été trouvable, ou du moins elle n’auroit pas
valu la peine d’y être cherchée.
On s’eft tout-à-fait corrigé de ce défaut dans ce fiécle;
l’ordre & la précifion avec laquelle on écrit maintenant
ont rendu les Sciences plus agréables, plus aifées, & je
fuis perfuadé que cette différence de ftyle contribue peut-
être autant à leur avancement que l’efprit de recherche
qui règne aujourd’hui; car nos prédéceffeurs chérchoient
comme nous, mais ils ramaffoient tout ce qui fe préfen-
to it, au lieu que nous rejetons ce qui nous paroît avoir
peu de valeur, & que nous préférons un petit ouvrage
bien raifonné à un gros volume bien fçavant; feulement
il eft à craindre que venant à méprifer l’érudition, nous
ne venions auffi à imaginer que l’efprit peut fuppléer à
tout, & que la Science n’efl qu’un vain nom.
Les gens fenfez cependant fendront toûjours que la
feule & vraie fcience eft la connoiflànce des faits, l’efprit
ne peut pas y fuppléer, & les faits font dans les Sciences
ce qu’eft l’expérience dans la vie civile. On pourrait
donc divifer toutes les Sciences en deux claffes principales,
qui contiendraient tout ce qu’il convient à l’homme
defçavoir; la première eft l’Hiftoire Ci vile, & la fécondé,
l’Hiftoire Naturelle, toutes deux fondées fur des faits
qu’il eft fouvent important & toûjours agréable de con-
noître: la première eft l’étude des hommes d’E'tat, Ja
fécondé eft celle des Philofophes ; & quoique l’utilité
de celle-ci ne foit peut-être pas auffi prochaine que celle
de l’autre, on peut cependant affiner que l’Hiftoire Naturelle
eft la fource des autres fciences phyfiques & la
mère de tous lés arts : combien de remèdes excellens la
Médecine n’a-t-elle pas tiré de certaines productions de
la Nature jufqu’alors inconnues! combien de richeffes
les arts n ont-ils pas trouvé dans plufieurs matières autrefois
méprifées 1 II y a plus, c’eft que toutes les idées des
arts ont leurs modèles dans les productions de la Nature
Dieu a créé, & 1 homme imite; toutes les inventions,
des hommes , foit pour la néceffité, foit pour la commodité
i ne font que des imitations affez groffières de ce que
la Nature exécute avec la dernière perfection.
Mais fans infifterplus long-temps fur l’utilité qu’on doit
tirer de l’Hiftoire Naturelle, foit par rapport aux autres
fciences, foit par rapport aux arts, revenons à notre objet
principal , à la manière de l’étudier & de la traiter. La
(jefcription exacte & 1 hiftoire fidèle de chaque choie eft,
comme nous 1 avons dit, le feul but qu’on doive fe pro-
pofer d abord. Dans la defcription l’on doit faire entrer la
forme, la grandeur, le poids, les couleurs, les fituati'ons
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