228 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
à plufieurs fignes n’être ni Européens ni Afriquains,
( Voye£ l’HiJloire de Saint-Domingue par le P. Charlevoix,
tom. i-pag. 66Ir fumantes.) Colomb lui-même, remarqua
que du côté de l’ouefl: il venoit certains vents qui
ne duroient que quelques jours, & qu’il fe perfuada être
des vents de terre : cependant quoiqu’il eût fur les anciens
tous ces avantages, & la bouffole, les difficultés qui
reftoient à vaincre étoient encore fi grandes, qu’il n’y
avoit que le fuccès qui pût juftifier l’entreprife; car fup-
pofons pour un inftant que le continent du nouveau monde
eût été plus éloigné, par exemple, à mille ou quinze
cens lieues plus loin qu’il n’eft en effet, chofe que Colomb
ne pouvoit ni fçavoir ni prévoir, il n’y léroit pas
arrivé, & peut-être ce grand pays feroit-il encore inconnu..
Cette conjeéture eft d’autant mieux fondée que
Colomb, quoique le plus habile Navigateur de fon fiè-
cle, fut fai fi de frayeur & d’étonnement dans fon fécond
voyage au nouveau monde; car comme la première fois
il n’avoit trouvé que des ifles, il dirigea fa route plus au
midi pour tâcher de découvrir une terre ferme, & il fut
arrêté par les courans, dont l’étendue confidérable &
la direétion toûjours oppofée à fa route i l’obligèrent à
retourner pour chercher terre à l’occident; il s’imâgi-
noit que ce qui l’avoit empêché d’avancer du côté du
midi, n’étoit pas des courans, mais que la mer alloit en
s’élevant vers le ciel, & que peut-être l’un & l’autre fe tou-
choient du côté du midi : tant il elt vrai que dans les trop
grandes entreprifes la plus petite circonftance malheureufe
peut tourner la tête & abattre le courage.
P R E U V E S
D E L A
T H E O R I E D E L A T E R R E .
A R T I C L E VI I .
Sur la production des couches ou lits de terre.
NOus avons fait voir dans l’article premier qu’en
vertu de l'attraction démontrée mutuelle entre les-
parties de la matière,; & en vertu de la force centrifuge
qui réfulte du mouvement de rotation fur fon axe, la terre
a néeeffairement pris la forme d’un Iphéroide dont les-
diamètres diffèrent d’une 23 0“' partie ; &- que ce ne peut
être que pàr le$- changemens arrivez à la furface & caufez
par les mouvemens de l’air & des eaux, que cette différence
a pû devenir plus grande, comme on prétend le-
conduire par les mefures prifes à l’équateur & au cercle
polaire. Cette figure de. la terre qui s’accorde fi bien avec
les loix de l’hydroflatique & avec notre théorie, fuppofe
que le globe a été dans un état de liquéfaétion dans le
temps qu’il a pris là forme, & nous-ayons prouvé que le
mouvement de projeélion & celui de rotation ont été
imprimez en même temps par une même impulfion. On
fc perlliadera facilement que la terre a été dans un état de
liquéfaétion produite par le feu , lorfqu’on fera attention
à la, nature des matières que renferme le globe, dont la