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enlever les fels fixes, & par confequent ceux que les fleuves
portent dans la mer, y relient, & quoique 1 eau des fleuves
paroifle douce, onfçaitquecette eau douce ne faille pas de
contenir une petite quantité de fel, & par la fiiccelfion des
temps la mer a dû acquérir un degré de falûre confidérable,
qui doit toujours aller en augmentant. C ell a^ifi, a ce que
j’imagine, que la mer noire, la mer Cafpienne, le lac Aral,
la mer morte, &c. font devenus lalez ; les fleuves qui le
jettent dans ces lacs, y ont amené fucceflivement tous les
Tels qu’ris ont détachez des terres , & l’évaporatron n’a pû
les enlever: à l’égard des lacs, qui font comme des mares,
qui ne reçoivent aucun fleuve & defquels il n, en fort aucun-,
ils font ou doux ou lalez, luivant leur differente -origine,
ceux qui font voifins de la mer, font ordinairement lalez,
& ceux qui en font éloignez, font doux, & cela parce que
les uns ont été formez par des inondations de la mer, &
que les autres ne font que des fontaines d eau douce, qui
n’ayant pas d’écoulement, forment une grande étendue
d’eau. On voit aux Indes pîufieurs étangs & relèrvoirs faits
par i’hrânftrre des habitans, qui ont jufqu’à 2 ou 3 lieues
de liiperficie, dont les bords font revetus d une muraille
de pierre ; ces réfervoirs fe remplilfent pendant la faifon
des pluies, & forvent aux habitans pendant 1 ete, lorfque
l’eau leur manque abfolument a caufe du grand éloignement
où ils font des fleuves & des fontaines.
Les lacs qui ont quelque chofe de particulier, font la
mer morte, dont les eaux contiennent beaucoup plus de
bitume que de fel ; ce bitume, qu’on appelle bitume de
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Judée, n’ell autre chofe que de l’alphalte, & auiïi quelques
Auteurs ont appellé la mer morte lac afphaltite. Les terres
aux environs du lac contiennent une grande quantité de ce
bitume; bien des gens'fe font perfuadez au fujet de ce lac,
des chofes femblables à celles queles Poëtes ont écrites du
lac d’Averne, que le poilfon ne pouvoit y vivre, que les
oileaux qui paflbient par deflus, étoient fuffoquez, mais
ni l’un ni l’autre de ces lacs ne produit ces funeftes effets,
ils nourrilfent tous deux du poilfon, les oifeaux volent par
delfus & les hommes s’y baignent lans aucun danger.
II y a , dit-on, en Bohème, dans la campagne de Bo-
leflaw, un lac où il y a des trous d’une profondeur fi grande
qu’on n’a pû la fonder, & il s’élève de ces trous des vents
impétueux qui parcourent toute la Bohème, & qui pendant
l’hiver élèvent fouvent en l’air des morceaux de glace de
plus de 100 livres de pefantéur. Voyez A d . Lipf. anno
1682, pag. 246'. On parle d’un lac en Iflande qui pétrifie,
le lac Néagh en Irlande a aulfi la meme propriété ; mais
ees pétrifications produites par l’eau de ces lacs, ne font
làns doute autre chofe que des incruftations comme celles
que fait l’eau d’Arcueil.
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