» qui eft douce, eft peut-être formée dans les détroits des
«terres voifines, &c. Ces ifles, ou montagnes de glace,
« font fi mobiles, que dans des temps orageux elles fuivent
« la courfe d’un vaiifeau comme fi elles étoient entraînées
» dans le même fillon ; il y en a de fi grolfes, que leur fu-
» perficie au delTus de l’eau furpalfe 1 extrémité des mats des
plus gros navires, &c. » Voye^ la Traduâion des voyages
de Lade, par Ad. IAbbé Prévôt, tom. 2 , pag- y fuiv.
On trouve dans le recueil des voyages qui ont fervi à
l’établilfement de la Compagnie des Indes de Hollande,
un petit journal hiftorique au fujét des glaces de la nouvelle
Zemble, dont voici l’extrait. « Au cap de Trooft le temps
» fut fi embrumé, qu’il fallut amarrer le vaiffeau a un banc
I de glace qui avoit 3 6 braffes de profondeur dans l’eau, &
« environ 16 braffes au deffus, fi bien qu’il avoit 5 2 braffes
» d’épaiffeur...........
» Le 10 d’août les glaces s’étant féparées ,, les glaçons
» commencèrent à flotter, & alors on remarqua que le gros
» banc de glace auquel le vaiffeau avoit été amarré, touchoit
» au fond, parce que tous les autres paffoient au long & le
j, heurtoient fans l’ébranler; on craignit donc de demeurer
» pris dans les glaces, & on tâcha de fortir de ce parage,
» quoiqu’en paffant on trouvât déjà l’eau prife , le vaiffeau
3) faifânt craquer la glace bien loin autour de lui ; enfin on
» aborda un autre banc, où l’on porta vite 1 ancre de toüei,
» & l’on s’y amarra jufqu’au foir.
» Après le repas, pendant le premier quart, les glaces
» commencèrent à fe rompre avec un bruit fi terrible, qu’il
T h é o r i e d e l a T e r r e . 373
n’eft pas poffible de l’exprimer. Le vaiffeau avoit le cap «
au courant qui charioit les glaçons, fi bien qu’il fallut filer «
du cable pour fe retirer; on compta plus de quatre cens «
gros bancs de glace, qui enfonçoient de dix braffes dans «
l’eau & paroiffoient de la hauteur de deux braffes au deffus. «
Enfuite on amarra le vaiffeau à un autre banc qui enfon- «
çoit de fix grandes braffes, & l’on y mouilla en croupière. «
Dès qu’on y fut établi, on vit encore un autre banc peu «
éloigné de cet endroit-là, dont le haut s’élevoiten pointe, «
tout de même que la pointe d’un clocher, & il touchoit«
le fond de la mer ; on s’avança vers ce banc, & l’on trouva «
qu’il avoit vingt braffes de haut dans l’eau, & à peu près «
douze braffes au deffus. «
Le 11 août on nagea encore vers un autre banc qui avoit «
dix-huit braffes de profondeur & dix braffes au deffus de «
l’eau. . . . . . «
Le 21 les Hollandois entrèrent affez avant dans le port «
des glaces, & y demeurèrent à l’ancre pendant la nuit ; le «
lendemain matin ils fe retirèrent & allèrent amarrer leur «
bâtiment à un banc de glace, fur lequel ils montèrent & «
dont ils admirèrent la figure comme une chofe très-fingu- «
hère ; ce banc étoit couvert de terre fur le haut, & on y «
trouva près de quarante oeufs ; la couleur n’en étoit pas non «
plus comme celle de la glace, elle étoit d’un bleu célefte. «
Ceux qui étoient là raifonnèrent beaucoup fur cet objet; «
les uns difoient que c’étoit un effet de la glace, & les autres «
foûtenoient que c’étoit une terre gelée. Quoi qu’il en fût, «
ce banc étoit extrêmement haut, d avoit environ dix-huit «
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