corps de la même efpèce fticceffivement fans jamais discontinuer;
caria matière qui compofè un corps,eft propre
& naturellement dilpofée pour en former un autre de cette
elpèce. Veye^. Ejjàifur ÏHijlmre Naturelle,•fc'c.petg.
Dans les pays inhabité/, dans les lieux où On ne coupe
pas les bois, où les animaux ne broutent pas les plantes*
cette couche de terre végétale s’augmente affezconfidéra-
blement avec le temps ; dans tous les bois, & même dans
ceux qu’on coupe „ il y a une couche de terreau d eé ou 8
pouces d ’épaiffeur ,qui n a été formée quepar les feuilles,
les petites branches & les écorces qui lè font pourries *
j ai fouvent oblèrvé fur un ancien grand chemin fait,
dit-o n , du temps des Romains, qui iraverfe la Bourgogne
dans une longue étendue de tcrrcin, qu’il s’eft formé
for les pierres dont ce grand chemin eft construit | une
couche de terre noire de plus d'un pied d’épailfeur,, qui
nourrit actuellement des arbres d ’une hauteur affez confi-
derable, de eettè couche n’eft compofee que d’un terreau
-noir formé par les feuilles, les écorces & les bois pourris.
Comme les végétaux tirent pour leur nourriture beaucoup
plus de fobftanoe de l’air ■& de l’eau qu’ils n’en
rirent de la terre, il arrive qu’en pourrifîànt ils rendent à
la terre plus qu’ils n’en ont tiré ; d ’ailleurs une forêt détermine
les eaux de la pluie en arrêtant les vapeurs, ainû
dans un bois qu’on conferveroit bien long-temps fans y
toucher, la couche de terre qui fert à la végétation augmenterait
confidérablement ; mais les animaux rendant
moins à la terre qu’ils n’en tirent, & les hommes faifant
T h é o r i e de la T erre. 24.3
des confommations énormes de bois & de plantes pour
le feu & pour d’autres ufages, il s’enfuit que la couche
de terre végétale d’un pays habité doit toujours diminuer
& devenir enfin comme le terrain de l’Arabie pétrée, &
comme celui de tant d’autres provinces de l’orient, qui
eft en effet lie climat le plus anciennement habité, où l’on
ne trouve que du fel & des fables ; car le fel fixe des plantes
& des animaux refte, tandis que toutes les autres parties
fe volatilifent.
Après avoir parlé de cette couche de terre extérieure
que nous cultivons, il faut examiner la pofition & la formation
des couches intérieures. La terre, dit Woodward,
paraît, en quelqu’endroit qu’on la creufe, compofée de
couches placées l’une fur l’autre comme autant de fédi-
mens qui feraient tombez fucceffivement au fond de
l’eau ; les couches qui font les plus enfoncées font ordinairement
les plus épaiffes., & celles qui font fur celles-ci
font les plus minces par degrés jufqu’à la furface. On
trouve des coquilles de mer, des dents & des os de
poiftbns dans ces différentes couches, il s’en trouve non
feulement dans les couches molles , comme dans la craie,
l’argilie & la marne, mais même dans les couches les plus
folides & les plus dures, comme dans celles de pierre,
de marbre, &c. Ces productions marines font incorporées
avec la pierre, & lorfqu’on la rompt & qu’on en
fépare la coquille, on obferve toûjours que la pierre a
reçu l’empreinte ou la forme de la furface avec tant
d’exaétitude, qu’on voit que toutes les parties étoient
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