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 très-peu près la même hauteur, & qu’en général les montagnes  
 occupent le milieu  des  continens & partagent dans  
 la plus  grande longueur les  ifles,  les  promontoires & les  
 autres * terres avancées : je fuis de même la direction des  
 plus grands fleuves, & je vois qu’elle eft toujoursprefque  
 perpendiculaire  à la  côte  de  la mer  dans laquelle  ils ont  
 leur embouchure,  &  que  dans  la  plus  grande  partie  de  
 leur  cours  ils vont  à  peu  près  h  comme  les  chaînes  de  
 montagnes  dont  ils  prennent leurs  fources  &  leur direction. 
   Examinant enfuite  les rivages  de  la mer,  je trouve  
 qu’elle  eft  ordinairement  bornée  par  des  rochers,  des  
 marbres &  d’autres pierres  dures,  ou bien par des  terres  
 &  des fables  quelle  a elle-même accumulez ou  que  les  
 fleuves  ont amenez,  &  je  remarque  que  les  côtes  vox-  
 fines,  & qui ne font féparées  que  par un bras  ou  par  un  
 petit trajet  de mer, font compofées des mêmes matières,  
 &  que les lits de terre font les mêmes de 1 un & de 1 autre  
 côté j  ;  je  vois  que  les  volcans  fe d trouvent  tous  dans  
 les  hautes  montagnes,  qu’il  y  en  a  un  grand  nombre  
 dont les feux font entièrement éteints,  que  quelques-uns  
 de  ces  volcans  ont  des  correfpondances  '   foûterraines,  
 &  que  leurs  explofions  fe  font  quelquefois  en  meme  
 temps.  J ’aperçois  une  correfpondance  femblable  entre  
 certains  lacs &  les mers voifines;  ici font  des fleuves &  
 des torrens 1  qui  fe perdent tout  à  coup &  paroiflent fe 
 * Vid. Vannii Geogr. p. 6g.  
 h Voyez les preuves, art.  i o.  
 c Voyez les preuves, art. 7. 
 <* Voyez les preuves, art. 1 6.  
 e V- Kircher. Mund.fuhter, in prof,  
 *  Voyez. Varen, Geogr. p,  43» 
 précipiter  dans  les  entrailles  de  la  terre;  là  eft  une  mer  
 intérieure  où  fe  rendent  cent  rivières  qui  y  portent  de  
 toutes parts  une  énorme  quantité  d’eau,  fans jamais augmenter  
 ce  lac  immenfe,  qui femble rendre  par  des  voies  
 foûterraines tout ce  qu’il reçoit par  fes bords ;  &  chemin  
 faifant  je  reconnois  aifément les pays  anciennement  habitez, 
   je  les  diftingue  de  ces  contrées  nouvelles  où  le  
 terrein paroît encore tout brut,  où  les  fleuves  font remplis  
 de cataraétes, où les terres font en partie fubmergées,  
 marécâgeufes  ou  trop  arides,  où la diftribution  des  eaux  
 eft irrégulière,  où des bois-incultes couvrent toute la for-  
 face  des  terreins  qui peuvent produire. 
 Entrant dans un  plus grand détail,  je vois  que  la  première  
 couche  a qui  enveloppe le  globe eft par-tout d’une  
 même  fubftance;  que  cette  fubftance  qui  fort  à  faire  
 croître & à nourrir les végétaux & les animaux, n’eft elle-  
 même  qu’un  compofé  de  parties  animales  &  végétales  
 détruites,  ou plûtôt réduites  en petites parties,  dans  lef-  
 quelles  l’ancienne  organifation  n’eft  pas  fonfible.  Pénétrant  
 plus avant je trouve  la  vraie terre,  je  vois  des  couches  
 de fable,  de pierres à  chaux, d’argiile,  de coquillages, 
   de  marbres,  de  gravier-,  de  craie,  de  plâtre,  &c.  
 & je  remarque  que  ces  *'  couches  font  toujours  pofées  
 parallèlement  les  unes 1 for  les  autres ,  &  que  chaque  
 couche  a  la même  épaifleur dans toute fon  étendue :  je  
 vois  que dans les  collines  voifines  les mêmes  matières  fe 
 * Voyez les preuves, art. 7.  I  c Voyez Woodward,  pag. 4.1, &c. 
 h Voyez les preuves,  art. 7.  I 
 K ij