74. H i s t o i r e N a t u r e l l e ,
très-peu près la même hauteur, & qu’en général les montagnes
occupent le milieu des continens & partagent dans
la plus grande longueur les ifles, les promontoires & les
autres * terres avancées : je fuis de même la direction des
plus grands fleuves, & je vois qu’elle eft toujoursprefque
perpendiculaire à la côte de la mer dans laquelle ils ont
leur embouchure, & que dans la plus grande partie de
leur cours ils vont à peu près h comme les chaînes de
montagnes dont ils prennent leurs fources & leur direction.
Examinant enfuite les rivages de la mer, je trouve
qu’elle eft ordinairement bornée par des rochers, des
marbres & d’autres pierres dures, ou bien par des terres
& des fables quelle a elle-même accumulez ou que les
fleuves ont amenez, & je remarque que les côtes vox-
fines, & qui ne font féparées que par un bras ou par un
petit trajet de mer, font compofées des mêmes matières,
& que les lits de terre font les mêmes de 1 un & de 1 autre
côté j ; je vois que les volcans fe d trouvent tous dans
les hautes montagnes, qu’il y en a un grand nombre
dont les feux font entièrement éteints, que quelques-uns
de ces volcans ont des correfpondances ' foûterraines,
& que leurs explofions fe font quelquefois en meme
temps. J ’aperçois une correfpondance femblable entre
certains lacs & les mers voifines; ici font des fleuves &
des torrens 1 qui fe perdent tout à coup & paroiflent fe
* Vid. Vannii Geogr. p. 6g.
h Voyez les preuves, art. i o.
c Voyez les preuves, art. 7.
<* Voyez les preuves, art. 1 6.
e V- Kircher. Mund.fuhter, in prof,
* Voyez. Varen, Geogr. p, 43»
précipiter dans les entrailles de la terre; là eft une mer
intérieure où fe rendent cent rivières qui y portent de
toutes parts une énorme quantité d’eau, fans jamais augmenter
ce lac immenfe, qui femble rendre par des voies
foûterraines tout ce qu’il reçoit par fes bords ; & chemin
faifant je reconnois aifément les pays anciennement habitez,
je les diftingue de ces contrées nouvelles où le
terrein paroît encore tout brut, où les fleuves font remplis
de cataraétes, où les terres font en partie fubmergées,
marécâgeufes ou trop arides, où la diftribution des eaux
eft irrégulière, où des bois-incultes couvrent toute la for-
face des terreins qui peuvent produire.
Entrant dans un plus grand détail, je vois que la première
couche a qui enveloppe le globe eft par-tout d’une
même fubftance; que cette fubftance qui fort à faire
croître & à nourrir les végétaux & les animaux, n’eft elle-
même qu’un compofé de parties animales & végétales
détruites, ou plûtôt réduites en petites parties, dans lef-
quelles l’ancienne organifation n’eft pas fonfible. Pénétrant
plus avant je trouve la vraie terre, je vois des couches
de fable, de pierres à chaux, d’argiile, de coquillages,
de marbres, de gravier-, de craie, de plâtre, &c.
& je remarque que ces *' couches font toujours pofées
parallèlement les unes 1 for les autres , & que chaque
couche a la même épaifleur dans toute fon étendue : je
vois que dans les collines voifines les mêmes matières fe
* Voyez les preuves, art. 7. I c Voyez Woodward, pag. 4.1, &c.
h Voyez les preuves, art. 7. I
K ij