1 <52 H i s to i r e N a tur e l l e .
qui ne s’accorde avec aucune des induCtions que nous
pouvons tirer d’ailleurs.
Il paraît donc que la terre a pris, en vertu de l’attra&ion
mutuelle de fes parties & de fon mouvement de rotation,
la figure d’un fphéroïde dont les deux axes diffèrent d’une
2 3 ° mc partie; ü paraît que c’efl là fa figure primitive,
qu’elle l’a prife néceffairement dans le temps de fon état
de fluidité ou de liquéfaction ; il paraît qu’en vertu des loix
de la gravite & de la force centrifuge, elle ne peut avoir
d autre figure, que du moment même de fa formation
il y a eu cette différence entre les deux diamètres, de fix
lieues & demie d élévation de plus fous l’équateur que fous
le pôle, & que par conféquent toutes les hypothèfes par
lefquelles on peut trouver plus ou moins de différence, font
des fictions auxquelles il ne faut faire aucune attention.
Mais, dira-t-on, fi la théorie eft vraie, fi le rapport de
*2.29 a 230 eft le vrai rapport des axes, pourquoi les
Mathématiciens envoyez en Laponie & au Pérou s’accordent
ils à donner le rapport de 174. à 175 ! d’où peut
venir cette différence de la pratique à la théorie &,fans
faire tort au raifonnement qu’on vient de faire pour démontrer
la théorie, n eft-il pas plus raifonnable de donner
la préférence à la pratique & aux mefures, fur-tout quand
on ne peut pas douter qu’elles n’aient été prifes par les
plus habiles Mathématiciens de l’Europe ( M . de M au-
permis, figure de la Terre ) & avec toutes les précautions
néceffaires pour en conftaterle réfultat?
A cela je réponds que je n’ai garde de donner atteinte
Théor i e de la T erre. ifij
aux obfervations faites fous l’équateur & au cercle polaire,
que je n’ai aucun doute fur leur exactitude, & que la
terre peut bien être réellement élevée d’une 175™' partie
de plus fous l’équateur que fous les pôles; mais en même
temps je maintiens fa théorie, & je vois clairement que
ces deux réfultats peuvent fe concilier. Cette différence
des deux réfultats de la théorie & des mefures, eft d ’environ
quatre lieues dans les deux axes, en forte que les
parties fous l’équateur font élevées de deux lieues de plus
qu’elles ne doivent l’être fuivant la théorie : cette hauteur
de deux lieues répond affez jufte aux plus grandes
inégalités de la furfàce du globe, elles proviennent du
mouvement de la mer & de l’aCtion des fluides à la fur-
face de la terre. Je m’explique, il me paraît que dans le
temps que la terre s eft formée, elle a néeeflàirement dû
prendre, en vertu de l’attraCtion mutuelle de fes parties
& de l’aCtion de la force centrifuge, la figure d ’un fphéroïde
dont les axes diffèrent d’une 230*"' partie; la terre
ancienne & originaire a eu héceffairement cette figure
quelle a prife lorfqu’elle étoit fluide, où plutôt liquéfiée
par le feu ; mais lorfqu’après fa formation & fon refroi-
diffement les vapeurs qui étaient étendues & raréfiées,
comme nous voyons l’atmofphère & la queue d’une comète,
fe furent condenfées , elles tombèrent fur lafurface
de la terre & formèrent 1 air & l’eau, & torique ces eaux
qui étaient a la furfàce,furent agitées par lé' mouvement
du flux & reflux, les matières furent entraînées peu à peu
des pôles vers l’équateur, en forte qu’il eft poffible que
X ÿ