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mais celle que je découvrais en face me parut fort unie.
Le Baron de la Hontan y ajoûte un torrent qui vient de
l’oueft, il faut que dans la fonte des neiges les eaux fau-
vages viennent fe décharger là par quelque ravine, &c. »
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Il y a une autre cataraéte à trois lieues d’Albanie, dans
la province de la nouvelle Yorck, qui a environ cinquante
pieds de hauteur perpendiculaire, & de cette chute d eau
il s’élève auffi un brouillard dans lequel on aperçoit un
léger arc-en-ciel, qui change de place à mefure qu’on
s’en éloigne ou qu’on s’en approche. Voyez Tranf. phil.
abr. vol. 3, part.2,pag. 11p.
En général, dans tous les pays où le nombre d’hommes
n’eft pas affez confidérable pour former des fociétés policées
, les terrains font plus irréguliers & le lit des fleuves
plus étendu, moins égal & rempli de cataractes. II a fallu
des fiècles pour rendre le Rhône & la Loire navigables,
c’eft en contenant les eaux, en les dirigeant & en nettoyant
le fond des fleuves, qu’on leur donne un cours aflure ;
dans toutes les terras où il y a peu d habitans la Nature eft
brute, & quelquefois difforme.,
II y a des fleuves qui fe perdent dans les fables, d’autres
qui femblent fe précipiter dans les entrailles de la terre; le
Guadalquivir en Efpagne, la rivière de Gottemburg en
Suède, & le Rhin même, fe perdent dans la terre. On
aflure que dans la partie occidentale de l’ifle Saint-Domingue
il y a une montagne d’une hauteur confidérable,
au pied de laquelle font plufieurs cavernes où les rivières
& les
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& les ruiffeaùx fe précipitent avec tant de bruit, qu’on
l’entend de fept ou huit lieues. Voyez Varenïi Geograph.
general, pag. y.y.
Au refie le nombre de ces fleuves qui fe perdent dans
le -fein de la terre, eft fort petit, & il n’y a pas d’apparence
que ces eaux defcendent bien bas dans l’intérieur du globe
, il eft plus vrai-femblable qu’elles fe perdent, comme
celles du Rhin, en fe divifànt dans les fables, ce qui eft
fort ordinaire aux petites rivières qui arrofent les terreins
fecs & fàblonneux ; on en a plufieurs exemples en Afrique,
en Perfe, èn Arabie, &c.
Les fleuves du nord tranfportent dans les mers une
prodigieufe quantité de glaçons qui, venant à s’accumuler
, forment ces maffes énormes de glace fi funeflesaux
voyageurs ; un des endroits de la mer glaciale où elles
font le plus abondantes, eft le détroit de Waigats qui eft
gelé en entier pendant la plus grande partie de l’année;
ces glaces font formées des glaçons que le fleuve Oby
tranfporte prefque continuellement; elles s’attachent le
long des côtes, & s’élèvent à une hauteur confidérable
des deux côtés du détroit, le milieu du détroit eft l’endroit
qui gèle le dernier , & où la glace eft le moins
élevée ; lorfque le vent ceffe de venir du nord & qu’il
fbuffle dans la direétion du détroit, la glace commence
à fondre & à fe rompre dans le milieu, enfuite il s’en
détache des côtes de grandes mafles qui voyagent dans
la haute mer. Le vent, qui pendant tout l’hiver vient du
nord & paffe fur les terres gelées de la nouvelle Zemble,
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