de vaftes plaines arrofées par les plus grandes rivières du
monde. Voyez Tranfaâ. philof. Abrig. vol. (f, part. 2 ,
pag. ip 8 .
M. Bourguet, à qui on doit cette belle obfervation de
la correfpondance des angles des montagnes, l’appelle
avec raifon, la clef de la théorie de la terre; cependant
il me paraît que s’il en eût fenti toute l’importance, il
l ’aurait employée plus heureufement en la liant avec des
faits convenables ; & qu’il aurait donné une théorie de
la terre plus vrai-femblable, au lieu que dans fon Mémoire
, dont on a vû l’expofé, il ne préfente que le projet
d’un fÿftème hypothétique dont la plupart des confé-
quences font faulfes ou précaires. La théorie que nous
avons donnée, roule fur quatre faits principaux, defquels
on-ne peut pas douter après avoir examiné les preuves
qui les conftatent, le premier eft, que la terre eft partout,
& jufqu’à des profondeurs confidérables, compofée
de couches parallèles & de matières qui ont été autrefois
dans un état de mollelfe; le fécond, que la mer a couvert
pendant quelque temps la terre que nous habitons ; le troi-
fième, que les marées & les autres mouvemens des eaux
produifent des inégalités dans le fond de la mer; & le
quatrième, que ce font les courans de la mer qui ont
donné aux montagnes la forme de leurs contours, & la
direétion correfpondante dont il eft queftion.
On jugera, après avoir lû les preuves que contiennent
les articles fuivans, fi j’ai eti tort d’aftiirer que ces faits
folidement établis, étahlilfent aufîi la vraie théorie de fa
T h é o r i e d e l a T e r r e . 325
terre. Ce que j’ai dit dans le texte au fujet de la formation
des montagnes, n’a pas hefoin d’une plus ample explication
; mais comme on pourrait m’ohjeéter que je ne rends
pas raifon de la formation des pics ou pointes de montagnes,
non plus que de quelques autres faits particuliers,
j’ai cru devoir ajoûter ici les obfèrvations & les réflexions
que j’ai faites fur ce fujet.
J ’ai tâché -de me faire une idée nette & générale de
la manière dont font arrangées les différentes matières qui
compofentle globe, &il m’a paru qu’on pouvoitles confi-
dérer d’une manière differente de celle dont on les a vues
jufqu’ici, j’en fais deux claffes générales auxquelles je les
réduis toutes ; la première eft celle des matières que nous
trouvons pofées par couches, par lits, par bancs horizontaux
ou régulièrement inclinez; & la fécondé comprend
toutes les matières qu’on trouve par amas, par filons, par
veines perpendiculaires & irrégulièrement inclinées. Dans
la première claflefont compris les fables, les argiiles, les
granités ou le roc vif, les cailloux & les grès en grande
mafle, les charbons de terre, les ardoifes,les fchifts, &c.
& aufli les marnes, les craies, les pierres calcinables, les
marbres, &c. Dans la fécondé,, je mets les métaux, les
minéraux, les cryftaux, les pierres fines, & les cailloux en
petites mafles ; ces deux claffes comprennent généralement
toutes les matières que nous connoiffons : les premières
doivent leur origine aux fédimens tranfportez &
dépofez par les eaux de la mer, & on doit diftinguer celles
qui, étant mifes à l’épreuve du feu, fe calcinent & fe
Sfiij