142 H i s t o ir e Na t u r e l l è .
dont les points des périhélies font d’autant plus éloignez
de cet aftre, qu’il s’eft plus éloigné lui-même du lieu qu’il
occupoit anciennement.
Je fens bien qu’on pourra me dire que fi l'accéléra-
tion du mouvement fe fait dans la même direétion, cela
ne change pas le point du périhélie qui fera toujours à
la furface du foleil; mais doit-011 croire que dans un
torrent dont les parties fe font fuccédées, il n y a eu
aucun changement de direétion ! il eft au contraire très-
probable qu’il y a eu un affez grand changement dé direétion,
pour donner aux planètes le mouvement qu’elles
ont.O
n pourra me dire aulïi que fi le foleil a été déplacé
par le choc de la comète, il a dû fe mouvoir uniformément,
& que dès-lors ce mouvement étant commun à
tout le lÿftème, il n’a dû rien changer; mais le foleil ne
pouvoit-il pas avoir avant le choc un mouvement autour
du centre de gravité du lÿftème cométaire, auquel mouvement
primitif le choc de la comète aura ajouté une augmentation
ou une diminution î & cela lùffiroit encore
pour rendre raifon du mouvement aétuel des planètes.
Enfin fi l’on ne veut admettre aucune de ces fuppo-
fitions, ne peut-on pas préftimer, fans choquer la vrai-
fomblance, que dans le choc de la comète contre le foleil
il y a eu une force élaftique qui aura élevé le torrent au
deflus de la furface du foleil, au lieu de le pouffer di-
reélement î ce qui foui peut lùffire pour écarter le point
du périhélie & donner aux planètes le mouvement qu’elles
T h é o r i e de la T erre. 143
ont confervé; & cette fuppofition n’eft pas dénuée de
vrai-fomblance, car la matière du foleil peut bien être
fort élaftique, puifque la foule partie de cette matière que
nous connoiffions, qui eft la lumière, fomble par fos
effets être parfaitement élaftique. J ’avoue que je ne puis
pas dire fi c ’eft par l’une ou par l’autre des raifons que
je viens de rapporter, que la direétion du premier mouvement
d’impulfion des planètes a changé, mais ces raifons
fuffifent au moins pour faire voir que ce changement
eft poffible, & même probable, & cela fuffit auffi à mon
objet.
Mais fans infifter davantage fur les objeélions qu’on
pourroit faire, non plus que fur les preuves que pourroient
fournir les analogies en faveur de mon hypothèfe, fuivons-
en l’objet & tirons des induéiions; voyons donc ce qui
a pû arriver lorfque les planètes, & for-tout la terre, ont
reçu ce mouvement d ’impulfion, & dans quel état elles
fe font trouvées après avoir été féparées de la mafle du
foleil. La comète ayant par un foui coup communiqué un
mouvement de projeétile à une quantité de matière égale
à la 65ome partie de la mafle du foleil, les particules les
moins denfes fe feront féparées des plus denfes, & auront
formé par leur attraélion mutuelle des globes de différente
denfité : Saturne, compofé des parties les plus groflès
& les plus légères, fe fora le plus éloigné du foleil, enfuite
Jupiter qui eft plus denfo que Saturne, fo fera moins éloigné
, & ainfi de fuite. Les planètes les plus greffes & les
moins denfos font les plus éloignées, parce qu’elles ont