que ce foit, parce que nous trouvons fouvent des couches
de matière plus pefante, pofées fur des couches de
matière beaucoup plus légère ; ce qui ne pourrait être,
f i, comme le veulent quelques Auteurs, toutes ces matières
a difl'outes & mêlées en même temps dans l’eau, fe
fulfent enfuite précipitées au fond de cet élément, parce
qu’alors elles eulfent produit une toute autre compofition
que celle qui exifte, les matières les plus pefantes feroient
defcendues les premières & au plus bas, & chacune fe
ferait arrangée fuivant fa gravité fpécifique, dans un ordre
relatif à leur pelànteur particulière, & nous ne trouverions
pas des rochers maflifs fur des arènes légères, non plus
que des charbons de terre fous des argilles, des glaifes
fous dès marbres, & des métaux fur des fables.
Une chofe à laquelle nous devons encore faire attention
, & qui confirme ce que nous venons de dire fur la
formation des couches par le mouvement & par le f^di-
ment des eaux, c ’eft que toutes les autres caufes de révolution
ou de changement fur le globe ne peuvent produire
les mêmes effets. Les montagnes les plus élevées
font compofées de couches parallèles tout de même que
les plaines les plus baffes, & par conféquent on né peut
pas attribuer l’origine & la formation des montagnes à
des fecouffes, à des tremblemens de terre, non plus qu’à
des volcans ; & nous avons des preuves que s’il fe forme b
quelquefois de petites éminences par ces mouvemens
convulfifs de la terre, ces éminences ne font pas compofées
de couches parallèles , que les matières de ces
* Voyez les preuves, art. 4. | b Voyez les preuves , art. 17.
éminences
T h é o r i e d e l a T e r r e . 8 i
éminences n’ont intérieurement aucune liaifon, aucune
pofitioti régulière, &qu’enfin ces petites collines formées
par les volcans ne préfentent aux yeux que le défordre
d’un tas de matière rejetée confufément; mais cette ef-
pèce d’organifation de la terre que nous découvrons partout
, cette fituation horizontale & parallèle des couches,
ne peuvent venir que d’une caufe confiante & d’un mouvement
réglé & toujours dirigé de la même façon.
Nous fommes donc aflurez par des obfervations exactes,
réitérées & fondées fur des faits inconteftables, que la
partie sèche du globe que nous habitons a été long-temps
fous les eaux de-la mer; par conféquentrcette même terre
a éprouvé pendant tout ce temps les mêmes mouvemens,
les mêmes chàngemens qu’éprouvent aétuellement les
terres couvertes par la mer. Il paraît que notre terre a été
un fond de mer'; pour trouver donc ce qui s’eft pafie
autrefois fur cette terre , voyons ce qui fe pafie aujourd’hui
fur le fond de la mer, & de là nous tirerons des indurions
raifonnables fur la forme extérieure & la compofition intérieure
des terres que nous habitons.
Souvenons-nous donc que la mer a de tout temps, 6c
depuis la création, un mouvement de flux & de reflux
caufe principalement par la lune; que ce mouvement qui
dans vingt-quatre heures fait deux fois élever & baiffer
les eaux, s’exerce avec plus de force fous l’équateur que
dans les autres climats. Souvenons-nous aufii que fa terre
a un mouvement rapide fur fon axe, & par conféquent
force centrifuge plus grande à l’équateur que dans
Tome I. L
une