du ferpent, du corbeau, & que la colombe rapporta une
branche d’olivier; car quoique M. de Tournefort prétende
qu’il n’y a point d’olivier à plus de 400 lieues du mont
Ararath, & qu’il fade fur cela d ’aflez mauvaifes plaifan-
teries ( Voyage du Levant, vol. 2.pag. y y (>,J il eft cependant
certain qu’il y en avoit en ce lieu dans le temps du
déluge, puifque le livre ficré nous en aflure, & il n’eft
pas. étonnant que dans un efpace de 4.000 ans les oliviers
aient été détruits dans ces cantons & fe foient multipliez
dans d’autres; c’eft donc à tort & contre la lettre de la
fàinte écriture que ces Auteurs ont fuppofé que la terre
étoit avant le déluge totalement différente de ce qu’elle
eft aujourd’hui, & cette contradiction de leurs hypothè-,
fes avec le texte facré, auffi-bien que leur oppofition
avec les vérités phyfiques, doit faire rejeter leurs fyftè-
mes, quand même ils feraient d’accord avec quelques,
phénomènes ; mais il s’en faut bien que cela fait ainfi.
Burnet qui a écrit le premier, n’avoit pour fonder fon
fÿftème ni obfervations ni faits. Woodward n’a donné
qu’un eflài, où il promet beaucoup plus qu’il ne peut
tenir : fon livre eft un projet dont on n’a pas vu l’exécution.
On voit feulement qu’il emploie deux obfervations
générales; la première, que la terre eft par-tout
compofée de matières qui autrefois ont été dans un état
demolleffe & de fluidité, qui ont.été tranfportéespar les
eaux, & qui fe font dépofées par couches horizontales ;
la fécondé, qu’il y a des productions marines dans l’in-
tcrieur de la terre en une infinité d’endroits. Pour rendre
T h é o r i e d e l a T e r r e . 19«
raifon de ces faits, il a recours au déluge univerfel, ou
plutôt il paraît ne les donner que comme preuves du
déluge, mais il tombe, auffi-bien que Burnet, dans des
contradictions évidentes; car il n’eft pas permis de fup-
pofer avec eux qu’avant le déluge il n’y avoit point de
montagnes, puifqu’il eft dit précifément & très-clairement
que les eaux furpaflerent de 1 y coudées les plus hautes
montagnes ; d ’autre côté il n’eft pas dit que ces eaux
aient détruit & diflbus ces montagnes, au contraire ces
montagnes font reftées en place, &. l’arche s’eft arrêtée
fur celle que les eaux ont laiflee la première à découvert.
D ’ailleurs comment peut-on s’imaginer que pendant le
peu de temps qu’a duré le déluge, les eaux aient pu dif-
foudre les montagnes & toute la terre î n’eft - ce pas une
abfurdité de dire qu’en quarante jours l’eau a diflbus tous
les marbres, tous les rochers, toutes fes pierres, tous les
minéraux! n’eft-ce pas une contradiction manifefte que
d’admettre cette diflolution totale, & en même temps de
dire que les coquilles & les productions marines ont été
préfervées, & que tout ayant été détruit & diflbus, elles
feules ont été confervées, de forte qu’on fes retrouve aujourd’hui
entières & les mêmes qu’elles étoient avant le
déluge ! Je ne craindrai donc pas de dire qu’avec d ’excellentes
obfervations Woodward n’a fait qu’un fort mauvais
fÿftème. Whifton qui eft venu le dernier a beaucoup
enchéri fur les deux autres, mais en donnant une vafte
carrière à fon imagination, au moins n’eft-il pas tombé
en contradiction ; il dit des chofes fort peu croyables,