224. H i s t o i r e N a t u r e l l e .
fçait que les fleuves de l’Afrique charient beaucoup'd’or;
& comme ce continent eft un pays de montagnes très-
élevées, & que d’ailleurs il eft fitué fous l’équateur, il
n’eft pas douteux qu’il ne contienne, auflî-bien que l’Amérique,
les mines des métaux les plus pefans, & les
pierres les plus compactes & les plus dures.
La vafte étendue de la Tartarie feptentrionale & orientale
n’a été reconnue que dans ces derniers temps. Si les
cartes des Mofcovites font juftes, on connoît à préfent
les côtes de toute cette partie de l’Afie, & il paraît que
depuis la pointe de la Tartarie orientale jufqu’à l’Amérique
feptentrionale, il n’y a guère qu’un efpace de quatre
ou cinq cens lieues ; on a même prétendu tout nouvellement
que ce trajet étoit bien plus court, car dans la gazette
d’Amfterdam du 24 janvier 1747, il eft dit à l’article
de Peterfbourg que M. Stoller avoit découvert au-
delà de Kamtfchatka une des ifles de l’Amérique feptentrionale
, & qu’il avoit démontré qu’on pouvait y aller
des terres de l’empire de Ruiïïe par un petit trajet. Des
déliâtes & d’autres Miflîonnaires ont auflî prétendu avoir
reconnu en Tartarie des Sauvages qu’ils avoient catéchifez
en Amérique, ce qui fuppoferoit en effet que le trajet
ferait encore bien plus court. Voyez l’HiJIoire de la nouvelle
France -par le P. Charlevoix, tom. y , pag. y u y r.
Cet Auteur prétend même que les deux continens de
l’ancien & du nouveau monde fe joignent par le nord, &
il dit que les dernières navigations des Japonnois donnent
lieu de juger que le trajet dont nous avons parlé, n’eft
qu’une
qu une baye, au deflus de laquelle on peut paffer par
terre d Afie en Amérique ; mais cela demande confirmation
, car jufqu a prefent on a cru avec quelque forte
de vrai-femblance, que le continent du pôle ardique eft
fepare en entier des autres continens, auffi-bien que celui
du pôle antardique.
L aftronomie & 1 art de la navigation font portez à un
fi haut point de perfedion, qu’on peut raifonnablement
elpérer d avoir un jour une connoiflance exade de b
furface entière du globe. Les anciens n’en connoiffoient
qu’une allez petite partie, parce que n’ayant pas la bouf-
fole, ils n ’ofoientfe hafarder dans les hautes mers. Jefçais
bien que quelques gens ontprétendu que les Arabes avoient
inventé la bouffoIe,& s’en étoient fervis long-temps avant
nous pour voyager'fijr la mer des Indes & commercer,
-jufqu’à la Chine (Voyez l’Abrégé de l’Hifl. des Sarrasins
de Bergeron, pag. 7 iy>) mais cette opinion m’a toûjours
paru denuee de toute vrai-femblance, car il n’y a aucun
mot dans les langues arabe, turque ou perfànne qui puifle
lignifier la bouffole, ils fe fervent du mot italien bojjôla;
ils ne fçavent pas meme encore aujourd’hui faire des
boufloles ni aimanter les aiguilles, & ils achettent des
Européens celles dont ils le fervent. Ce que dit le Père
Martini au fujet de cette invention, ne me paraît guère
mieux fondé; il prétend que les Chinois connoiflbient
la bouftble depuis plus de trois mille ans (Voyez Hifl.
Srnjca,pag. rodj mais fi cela eft, comment eft-il arrivé
qu ils en aient fait fi peu d ufàge ! pourquoi prenoient-ils
Tome I, pf