
et des intelligences, et malgré la confiance que l’on
a dans son opinion particulière, préférablement à
celle des autres, l’unanimité, néanmoins) est presque
constante , parmi les zoologistes , dans le placement
des classes qu’ils ont le mieux établies entre
les animaux.
Par exemple , on ne voit point de zoologistes intercaler,
parmi les animaux, à vertèbres, une classe
quelconque des invertébrés ; e t, à l ’égard des premiers,
s’ils placent les mammifères en tête de leur
distribution, on les voit toujours mettre les oiseaux
au second rang, et terminer tous la série dès vertébrés
par les poissons. S’il leur arrivait de partager
les mammifères en deux classes , comme, par u v
exemple, pour distinguer classiquement les cétacés,
ils placeraient de force les oiseaux au troisième
rang ; car aucun, sans doute, ne rangerait jamais
les cétacés près des poissons. Enfin , dans cette
marche, dirigée du plus compose vers- le plus simple
, les zoologistes terminent toujours la série générale
par les infusoires , quoiqu’ils ne les distinguent
point des polypes. En un mot, quoique confondant
les radiaires , les polypes et les infusoires,
sous la dénomination très-impropre de zoophytës,
on les voit toujours, néanmoins , placer les radiai
res avant les polypes y et ceux-ci avant les infusoires.
Il y a donc une cause qui les entraîne, une
cause qui force leur détermination, et qui les empêche
de se livrer à l’arbitraire dans la distribution
générale des animaux. Or , cette cause, dont ils
ont le sentiment intime, parce quelle est dans la
nature, et dont ils ne s’occupent point, parce qu’elle
amènerait des consequences qui traverseraient la
marche qu’ils ont fait prendre à l’étude; cette cause,
dis-je, réside uniquement dans la progression dont
je viens de démontrer l’existence;' en un mot, elle
consiste en ce que la nature, en formant les diffé-
rens animaux, a exécuté une composition toujours
croissante dans les diverses organisations qu’elle leur
a données.
On peut donc dire maintenant que, parmi les faits
que l'observation nous a fait connaître, celui de la
progression dont il s’agit, est un de ceux qui ont
la plus grande évidence.
Mais, de ce qu’il y a réellement une progression
dans la composition de l’organisation des animaux,
depuis les plus imparfaits jusquçs aux plus
parfaits de ces êtres, il ne s’ensuit pas que l’on
puisse former avec les espèces et les genres, une
série unique, très-simple, non interrompue, partout
liée dans ses parties, et offrant régulièrement
la progression dont il s’agit. Loin d’avoir eu cette
idée, j’ai toujours été convaincu du contraire; je
l’ai établi clairement ; enfin, j’en ai reconnu et montré
la cause. .